Résumé: 1840. Alors que l’armée de la Compagnie des Indes britanniques occupe son pays, l’héritier de l’empire Marathe voyage en Europe sous le nom de Prince Dakkar.
Admirateur de La Pérouse, pacifique, curieux de tout –et particulièrement des « bateaux sous-marins » –, il ne sait pas encore que le destin fera de lui le cauchemar des Anglais et qu’il sera bientôt connu sous le nom de : Capitaine Nemo !
Alias Nemo est un préquel en BD de 20 000 Lieues sous les mers, le roman de Jules Verne. Le capitaine Nemo en est le personnage principal en tant que commandant du sous-marin Nautilus. Cette histoire revient sur les origines du fameux capitaine, en respectant scrupuleusement les éléments biographiques que l’on trouve, non pas dans 20 000 Lieues..., mais dans L’Île mystérieuse (1874) : « Le capitaine Nemo était un Indien, le prince Dakkar, fils d'un rajah du territoire alors indépendant du Bundelkund et neveu du héros de l'Inde, Tippo-Saïb. » Ainsi, on se retrouve en Inde (comme dans La Maison à vapeur, roman de 1879), lors de la révolte de 1857 contre l'occupant anglais.
Alias Nemo est une série truffée d’éléments « inédits » du genre steampunk dont on sent bien qu’ils auront une résonance plus tard et ailleurs.
I
mmense personnage de la littérature créé par le non moins immense Jules Verne, Némo a fait trembler des générations de lecteurs avant d’être transposé au cinéma et dans des séries d’animation telle que Fushigi no Nadia (Nadia et le secret de l’eau bleu un projet de Miyazaki et de Anno au début des années 1990)
Un anti-héros sombre et secret duquel nous ne savons pas grand-chose… c’est sur ce point que se glissent Nicolas Hervoches et Gwendal Lemercier avec ce premier tome d’Alias Nemo paru chez Locus Solus.
Le récit commence en 1840 alors qu'un jeune prince indien parcourt l’Europe en quête de savoir puisqu’il est fasciné par les technologies issues de l’industrialisation ainsi que par l’histoire. De voyages en rencontres, il revient chez lui où le contexte politique de l’occupation anglaise et la trahison de proches l’amèneront à la clandestinité.
Ce premier tome est une réussite. La narration en chapitres permet des sauts temporels appréciables, qui font sombrer le lecteur en même temps que le personnage principal. Les auteurs mêlent avec habileté le placement de références discrètes dispensées au fil de l'eau (l’éléphant de l’ile à Nantes, Jules Verne, la stratégie maritime de Napoléon III…) tout en ancrant l'intrigue dans une trame narrative respectueuse du contexte colonial anglais de l’époque. Pour autant, Alias Nemo n’est pas seulement une fiction inscrit dans une époque mais également un captivant récit d’aventure, où un jeune homme quelque peu naïf et épris de modernité se trouve confronté aux principes de réalité et aux manœuvres relevant de l'entregent.
L’histoire est servie par un trait agréable et des choix de cadrage donnant du dynamisme lors des scènes importantes, tout comme dans les transitions. La mise en couleur génère une ambiance steampunk par moments, ou une atmosphère bien en phase avec les feuilletons d'aventure typiques du XIXème siècle à d’autres avec par exemple, l’utilisation des marrons sépia.
Une bande dessinée qui ravira les fans de 20 000 lieues sous les mers ainsi que les amateurs de bons récits d’aventure. L’éditeur annonce la sortie du deuxième tome pour 2022.