A
lbert est un employé modèle. Par « modèle », il faut comprendre quelqu’un qui n’arrive jamais en retard, qui ne fait jamais de vagues et qui ne demande jamais d’augmentation. Sa vie est réglée comme du papier à musique et ne laisse aucune place à l’imprévu ou à la fantaisie. Un jour pourtant, un grain de sable vient perturber son existence si monotone : les pilules qu’il a l’habitude de prendre chaque matin ne sont plus vendues en pharmacie. Un événement somme toute anodin mais qui va bouleverser son quotidien. Pour le pire ou pour le meilleur ?
Les premières pages d'Albert le magnifique font immédiatement penser à 1984 de Georges Orwell ou à Brazil de Terry Gilliam. Albert évolue dans une société bureaucratisée à l’extrême dans laquelle chaque faux pas est instantanément sanctionné. Sa lente transformation (en dire plus dénaturerait le récit) est suivie tout au long d’une dizaine de chapitres. Même si le rire n’est pas présent à chaque coin de page, les situations sont bien souvent amusantes. Daniel Blancou pratique un humour absurde et loufoque et élabore un scénario dont le thème n’est finalement pas si éloigné de celui de son premier album, Le roi de la savane.
Quelques bonus, sous forme de fausses petites annonces, viennent compléter un sympathique petit ouvrage qui se déguste comme un pot de miel.
Les avis
Erik67
Le 03/09/2021 à 11:21:28
Cela aurait pû être un album intéressant si on avait pas viré dans une espèce de fantastique qui ne prend pas. Nous avions un homme qui tente désespéremment de ne pas perdre son travail et d'accepter toutes les compromissions face à son implaccable employeur. Cependant, à force de se dévaluer, il ne devient plus un homme mais un animal sauvage.
Nous avons sans doute droit à une espèce d'allégorie sociale sur le monde du travail. Etre un employé ponctuel, productif, discret et sans initiative ne paye pas toujours. Le modèle d'une société écologique en prend également pour son grade. L'auteur a des idées mais c'est encore maladroit dans la façon de les exprimer. Il est dommage de virer à l'absurde sur une aussi bonne idée de départ.