Résumé: Berberian dresse le portrait d'une génération.
Deux amies presque inséparables, un chat qui dort, des clubbers en grappes et des âmes solitaires, un garçon flanqué d'un chien qui n'est pas le sien...
Ils se cherchent, se frottent, se séparent et parfois se retrouvent. Leurs afters sont plus réussies que leurs nuits. Ou pas.
Les strips verticaux de Berberian s'enchaînent comme des perles et entraînent les personnages au cœur de la nuit, jusqu'aux tréfonds d'eux-mêmes, dans ce qu'ils ont de plus secret et d'intime. La poésie calme de Berberian nous rappelle qu'après la nuit, après l'insouciance et la fête, le petit jour porteur d'espoir se lève enfin...
I
ls sont jeunes, ils sont branchés en permanence et ils se cherchent… Heureusement pour eux, Charles Berbérian les a trouvés et il se propose de les décrypter avec malice. Leur habitat primaire (le canapé), leur faune associée (le félin chafouin, le canin affamé), leurs lieux de chasse (le spa bouillonnant, les discothèques à la mode) et les matins glauques, alors que l’heure du brunch arrive : bienvenue dans la jungle urbaine du XXIe siècle.
Recueil de strips parus dans la presse féminine, Afterz oscille entre étude « comico-sociologique » comme le faisait Claire Brétécher il y a quarante ans et le sarcasme façon Tranches de vie de Gérard Lauzier d’un peu après. En résumé, rien de très différent entre les années soixante-dix et 2017, à part les téléphones intelligents évidemment. L’évasive âme sœur, la peur de la solitude, l’énervante copine à qui tout réussi, le co-créateur du Petit Peintre boucle la boucle en refaisant le coup de la Lucie de Catel et Grisseaux (qui, pour rappel, s’étaient elles-mêmes inspirées de Monsieur Jean en imaginant leur héroïne).
Berbérian emploie à bon escient son talent pour l’humour pince-sans-rire dans cette mini-romance découpée en tranches. Les observations sont bien vues et le traitement juste assez féroce sans être méchant ou gratuit. Sur le fond, cette suite logique du Bonheur occidental et, dans une certaine manière, de Boboland se lit avec pas mal de jubilation, à défaut de vraiment étonner. La distribution est excellente, en partie grâce à des personnages secondaires – l’imbuvable surfeur-artiste Arvö Mariposa, par exemple – parfaitement croqués. Pour finir, la mise en couleurs, qui rappelle les travaux de Brecht Evens, est également très in. Celle-ci apporte une ultime couche de modernité à cette mise à jour de propos et d’interrogations universels.
Élégant et mordant, Afterz peine quand même à surprendre tant le sujet a déjà été abordé. Point positif, la réalisation soignée ainsi que les nombreux bons mots lui évitent de tomber dans la simple redite.