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epuis que le Japon a été envahi par les Dieux, des zones interdites ont été définies autour de ce qui était auparavant des zones résidentielles. Mais malgré les interdictions, certains persistent à vouloir rencontrer les divinités et tous finissent par disparaître sans laisser de trace. C'est le cas de Shion, une lycéenne. Son amie, Kamikura Waka, qui a assisté à sa fin en streaming, décide de partir sur ses traces à Tokyo . Elle s'apprête à pénétrer dans l'une de ces zones, lorsqu'elle en est empêchée par Tokinaga Sachiyuki, un membre du centre de recherche anti-dieux. C'est alors qu'une mystérieuse créature surgit et que le combat prend une tournure inattendue quand Sachiyuki constate l’étrangeté du regard de Waka. Un mystère de plus...
Sumi Eno signe un manga perturbant dont le ton glauque est donné dès le premier chapitre. Bien que le résumé seul puisse paraître classique, l'approche, elle, ne l'est point. En effet, l'héroïne semble fragile, mais c'est pour mieux dérouter les lecteurs dans les planches qui suivent. Le mangaka s'amuse avec les codes scénaristiques du genre post-apocalyptique et tranche de vie lycéenne, offrant ainsi une histoire glaçante, dans laquelle il propose une réflexion sur la résilience et le suicide, par le biais de différents protagonistes. Avec prudence et intelligence, l'auteur aborde également la notion de divin. Il le fait à travers une séquence de débat télévisé qui permet à la fois d'exposer plusieurs opinions sur le sujet et d'apporter des éléments-clefs aux lecteurs. Enfin, Eno inclut des respirations dans les chapitres avec quelques moments comiques (l'humour scatologique nippon entre autres) en utilisant le personnage de Nyababa, le chat ailé issu des travaux de recherches du centre. Entre deux blagues, il contribue ainsi à délivrer des explications.
Graphiquement, le dessinateur est largement au-dessus des titres commerciaux et formatés. Le trait est précis, détaillé et parfois fouillis dans l'approche du design des créatures, les rendant ainsi plus désagréables à contempler afin de contribuer à l'ambiance souhaitée par l'artiste. C'était déjà un peu le cas dans sa précédente série Ajū-tan, sortie en 2016 et encore inédite dans les espaces francophones.
After God démarre en trombe, ne laissant que peu de temps mort au mangaphile. La richesse des thèmes abordés surprend, mais elle est pertinente et elle bénéficie d'un dessin haut de gamme.