Info édition : Avec un cahier d'esquisses de 8 pages.
Résumé: L’été 1952, sur la commune de Lurs en Provence et à proximité de la ferme de la famille Dominici, eut lieu le triple meurtre de la famille Drummond. Une enquête des plus confuses mena à la condamnation à mort du patriarche de la famille, Gaston Dominici. L’affaire passionne et intrigue : les journalistes et le public la suivirent assidûment, Jean Giono et Orson Welles en donnèrent leur vision. Le scénariste Pascal Bresson et le virtuose du lavis René Follet, dessinateur trop rare et pourtant admiré des bédéphiles, se penchent à leur tour sur les faits. Dans ce one-shot à la fois instructif et esthétique, ils donnent leur éclairage sur cette histoire fascinante. Vous retrouverez en fin d’album un magnifique cahier de croquis de huit pages.
D
ans la nuit du 4 au 5 août 1952, trois membres d’une famille anglaise, les parents et leur fille, sont sauvagement assassinés près de Lurs dans les Alpes-de-Haute-Provence. À quelques centaines de mètres du lieu du crime, une ferme, La Grand’Terre, appartenant aux Dominici. Les soupçons d’Edmond Sebeille, le commissaire chargé de l’enquête, se portent rapidement sur le fils, Gustave, dont les nombreuses dépositions sont contestées par plusieurs témoins. C’est pourtant le patriarche, Gaston, un vieil homme bourru et rustre, accusé par ses propres enfants, qui se retrouve derrière les barreaux.
« Je préfère des aveux stupides à l’absence d’aveux. » Cette phrase, prononcée par Sebeille, résume à elle seule, le déroulement des investigations. L’homme est présenté comme un flic ambitieux, sûr de lui, venant de la grande ville, Marseille, et désirant faire respecter la loi parmi les culs-terreux, aussi rapidement que possible. « Dans deux ou trois jours, le coupable sera sous les verrous… ». Alors, peu importent les moyens, les contradictions, les rétractations… Gaston Dominici est le parfait meurtrier.
Cette affaire fait partie de la mémoire collective, au même titre que celle du petit Grégory ou de Seznec, cette dernière ayant déjà fait l’objet d’un récit illustré par Pascal Bresson (Guillaume Seznec, une vie retrouvée, ed. Ouest-France). La chronique judiciaire développée par l’auteur peut paraître austère, brute, mais elle retrace parfaitement la marche en avant froide et sans scrupule de la (in ?)justice. La seule fantaisie réside peut-être dans les premières pages de l’album, présentant, treize ans après le drame, le commissaire Sebeille, sans remords, devant le cercueil de celui qu’il traqua sans relâche. En marge d’un scénario et d’une histoire, par essence, connue d’avance, la réussite de l’ouvrage revient avant tout au travail remarquable de Réné Follet. Sa technique du lavis, ici en noir et blanc, est utilisée à la perfection, et donne à chaque personnage une « gueule ». L’ensemble peut paraître parfois un peu figé mais colle très bien au thème avec un dessin souvent proche du croquis d’audience.
Pascal Bresson est-il un défenseur des causes justes et/ou perdues ? Sa récente bibliographie pourrait le laisser croire, puisque le premier tome d’Ushuaïa, co-écrit avec son ami Nicolas Hulot, sera également dans les bacs à la fin du mois de septembre. Longtemps confiné dans le rôle d’illustrateur pour la jeunesse ou de dessinateur pour fanzines, il semble donner un nouvel essor à sa carrière, cette fois le stylo à la main. Un auteur à suivre de près, si ses prochaines productions sont de la même envergure que l’Affaire Dominici.
Les avis
Erik67
Le 28/08/2021 à 09:15:24
Franchement, je n'ai pas trouvé cette affaire criminelle aussi passionnante que cela. Nous avons un vieux patriarche terrien qui mène la danse en proférant des mensonges pour dédouaner sa famille d'un horrible triple homicide.
Comme dira le juge, c'est une famille de menteurs qui n'assument pas. De tels minables ne méritaient sans doute pas la tête d'affiche. Cela donne une image du Sud assez roublarde.
Le président De Gaulle a eu pitié du vieux et l'a gracié. Le système judiciaire français n'est pas sorti vainqueur de cette affaire.
La bd possède un bel esthétisme au niveau graphique. Pour le reste, cela ne m'a pas emballé. Tout se concentre sur la famille et non les victimes. Pourtant, il y aurait eu à dire sur Jack Drummond. Bref, une mise en scène qui ne me convient pas pour un résultat sans saveur.