L
a Havane, de nos jours. Cecilia, accorte jeune fille à l'allure d'étudiante, sillonne les rues juchée sur son vélo, jupette au vent, avec un déhanchement très étudié pour attirer le regard des hommes vers ses rondeurs hypnotiques. Les hommes riches s'entend. Touristes et travailleurs étrangers, qu'elle s'ingénie à séduire contre de menus cadeaux, en attendant de trouver le bon, celui qui l'arrachera à sa vie sans éclat. Et ce pourrait bien être le beau Juanito, le séduisant homme d'affaire de cette compagnie touristique hollandaise, qui semble avoir le béguin pour elle. Mais les façades luxueuses cachent de biens étranges secrets, des miroirs sans tains, des mensonges mortels...
La trame relativement conventionnelle de ce thriller assemble les ressorts classiques du genre, sexe, argent, duplicité et trahison. Rien de nouveau sous le soleil, fut-il cubain. La principale déception vient d'ailleurs : de ce que l'île n'est, au mieux,qu'un décor, assez peu exploité au demeurant, mais elle ne s'élève jamais au rang de composante de l'intrigue. Les deux personnages, à force d'être en permanence en représentation, de masquer leurs sentiments, finissent par sembler plutôt fades et transparents. Alors quand le drame survient, aussi brutal que grotesque et dérisoire, notre séduisante héroïne a bien du mal à susciter l'empathie.
C'est d'autant plus dommageable que le dessin est des plus agréables, la palette lumineuse en harmonie avec le sujet. De belles compositions à la ligne relativement claire venant ponctuer le récit de larges respirations contemplatives. Ces quelques planches ruisselantes de lumière ne font qu'accentuer la frustration d'une intrigue qui privilégie les voitures de sport et les villas ultramodernes, plutôt que les ocres mordorées des façades coloniales de la cité et l'atmosphère si particulière de la capitale cubaine.
Au final, reste un honnête thriller de série B, avec son lot de rebondissements bien maitrisés, mais dont ni la toile de fond, ni les personnages, n'ont suffisamment de relief pour s'imposer durablement dans les mémoires.
Les avis
Hugui
Le 30/10/2011 à 10:03:13
Un honnête roman noir qui se laisse lire sans déplaisir. Les dessins servent bien l'histoire sans être de véritables ouvres d'art. Bref ce roman est un bon produit de divertissement, ce qui n'est déjà pas si mal.
herve26
Le 09/10/2011 à 20:35:55
J'ai découvert cette bd presque par hasard, au détour d'une dédicace avec les deux auteurs. J'avoue que je ne suis pas un grand fan des adaptations de romans en bd. La dernière fois que je suis resté scotché par une telle adaptation, c'était pour "l'ultime défi de Sherlock Holmes" (après le très remarqué "Shutter Island" de De Metter), toujours dans la même collection.
Et là j'ai été séduit sur deux points: l'histoire qui, de chapitre en chapitre, multiplie les rebondissements ,et le dessin de Paolo Bacilieri qui épouse parfaitement le climat de Cuba. Ses illustrations sont lumineuses, avec des traits très simples.
Le scénario peut sembler du déjà vu, mais pour ma part j'ai tourné les pages avec impatience pour connaitre la suite.
Bluffé, j'ai littéralement été bluffé par cette adaptation de Matz de ce roman de Daniel Chavarria.
Il s'agiit d'un très bon polar de série B , comme je les aime.