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martphone, travail, consommation, sexe... nombreuses sont les Addictions qui nourrissent en contradiction notre société contemporaine. C'est avec un humour narquois, teinté d'un soupçon de cynisme, que François Ravard croque ou plutôt peint à l'aquarelle ces travers. Cet album, paru chez Fluide Glacial, reprend son travail depuis 2017.
Il est à noter que l'ouvrage bénéficie d'une préface signée d'un autre Normand portant le même prénom : François Morel. En quelques lignes, avec son phrasé où humour et poésie s'entremêlent, il parvient à trouver les mots justes pour présenter le travail du dessinateur.
Dans un style proche de celui du dessin de presse en couleur pastelle ou en noir et blanc, qui n'est pas sans rappeler Bosc ou Sempé, l'auteur parvient en un seul dessin à exprimer bien des choses. C'est le cas de la lente déshumanisation des rapports en lien avec les appareils mobiles, qui constituent une source quasi inépuisable de constats aussi inquiétants que drôles, ne serait-ce que la nouvelle manière de souhaiter la Saint Valentin. Le couple et ses aléas sont aussi un sujet bien exploité par Ravard. Les lecteurs amoureux des chats ne sont pas en reste, puisque l'artiste leur consacre également un grand nombre de dessins les tournant parfois en ridicule. Le regard est acerbe, le ton est taquin avec un zeste de noirceur en fonction des dessins et des thèmes. L'ensemble est toujours de bon goût et très bien vu.
Addictions est un petit bonbon acide, fourré au cynisme, pour le grand plaisir des amateurs d'humour sociétal.