Résumé: Second et dernier volet d'une histoire d'amour torturée aux accents de Nouvelle Vague.<br /> Par peur de souffrir, par goût du risque ou par perversité (lui-même serait bien incapable de le savoir), Adam a développé un stratagème risqué... Sous un autre nom, il sest mis à courtiser Juliette, sa propre copine, échangeant avec elle de longs et fréquents mails de confidences. Se prenant pour lhabile scénariste de la réalité, il sapprête maintenant à organiser la rencontre entre Juliette et son « ami secret », incarné par l'un de ses amis. Adam se croit très malin Seulement trois mois après la sortie du premier volume, voici la fin de ce diptyque sur les errements psychologiques et amoureux d'un jeune citadin, inspirés par le cinéma de la Nouvelle Vague.
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our Adam, sa vie amoureuse n'est qu'incohérence : la vie à deux est un concept voué à l'échec, mais le célibat est impossible à vivre. Le premier tome l'avait laissé en train de refermer le piège autour de sa petite amie : créer un avatar pour la draguer sur internet et voir si elle succombait. Projet imbécile qui lui prouvera que l'amour ne mérite pas d'être vécu, puisqu'il finit toujours par se briser. Pourquoi attendre d'être trompé alors qu'on peut provoquer soi-même l'adultère ? Loin de le rassurer, la résistance de Juliette à ce faux prince charmant, accroît la paranoïa d'Adam. Constamment désagréable, il cherche la petite bête, interprète chacune de ses absences, sa fatigue et ses humeurs à la lueur des échanges virtuels avec son double. Il faut aller plus loin, il demande à un collègue comédien réticent de jouer le rôle de son leurre lors d'une rencontre et de pousser Juliette à la faute.
Manque de confiance et absence de communication, le phénomène doit être suffisamment important puisque espionner et piéger son conjoint est devenu une niche commerciale douteuse et la source de demandes de conseils récurrents sur le Web. Il vaut mieux prendre en traître plutôt que de faire part de ses doutes, souvent imaginaires, c'est la vision du jeune couple moderne que propose Adam et Elle. Mais au final, tout cela est vain et n'empêchera pas l’inéluctable. Dans la veine de Sex and The City, Bridget Jones et tous leurs avatars, Gwen de Bonneval et Michael Sterckeman proposent une plongée pessimiste au sein des pré-trentenaires aisés des grandes cités. Un sentiment défaitiste renforcé par une colorisation sombre et terne, à l'image de la noirceur des émotions qui agitent le personnage principal. Le dénouement choisi est assez surprenant, à la fois optimiste puis cruellement ironique, une réaction d'enfant gâté qui ne supporte pas le bonheur des autres. Syndrome d'une génération trop chérie et surprotégée, incapable de faire face à la moindre contrariété ? Point négatif qui nuit à la lecture, le dessin manque de précision au point d'amener quelquefois à confondre les protagonistes, comme Adam et son ami qui fait du théâtre.
Chronique de la conjugalité actuelle, Adam et Elle n'apportera malheureusement rien de plus aux habitués que les centaines de topics qui s'accumulent sur les forums féminins « Affaires de couple ». Pour les autres, tout y est, jusqu'au froid réalisme de la chute, précis et cohérent, plus qu'un documentaire.