Info édition : Contient Abe Sapien: The Drowning (2008) #1-5.
Noté "Première édition".
En bonus, un sketchbook de 8 pages.
Résumé: Fin XIXe, au large de l'île de Saint-Sébastien, Edward Grey, agent spécial au service de la Couronne, terrassait le maléfique Epke Vrooman. Un siècle plus tard, Abe Sapien, nouvelle recrue du B.P.R.D., est envoyé sur place afin de récupérer la dépouille immergée du sorcier ainsi que la dague antique qui permit à Grey d'occire Vrooman. Mais à Saint-Sébastien, un étrange culte est à l'œuvre...
A
be Sapien, l'homme-poisson, apparaît pour la première fois dans la série Hellboy. Il forme, avec Liz Sherman et le fameux « garçon de l'enfer », le trio de choc du Bureau for Paranormal Research and Defense (B.P.R.D.). Cette agence gouvernementale américaine a pour mission de traquer les manifestations occultes, les entités démoniaques et les savants fous nazis qui sèment le désordre en divers endroits du globe. Et pour les combattre, quoi de mieux que s'adjoindre les services d'autres créatures surnaturelles ?
Hellboy est le fer de lance du groupe et, dans la série qui porte son nom, il occupe logiquement le devant de la scène. Physiquement indestructible, il assène de sa formidable main droite des taloches qui enverront au tapis plus d'une momie-fantôme-du-vampire-nazi. Moralement inébranlable, il ne connaît de rares instants de doutes que lorsqu'il est confronté à son destin de Bête de l'Apocalypse. Abe contraste avec ce héros monolithique autant qu'il est possible : de constitution plus fragile, introverti, il semble plus sensible, peut-être aussi plus réfléchi, que le géant rouge. Celui-ci ayant tendance à éclipser le reste de l'équipe, il faudra toutefois attendre la série B.P.R.D., dont il est absent, pour que ses compagnons d'armes puissent s'épanouir.
B.P.R.D. donne réellement un nouvel éclairage à l'univers original, en partie grâce à l'arrivée de John Arcudi pour épauler Mike Mignola au scénario. Abe, Liz et l'homoncule Roger gagnent en consistance, de nouveaux personnages très typés font leur apparition et les récits, plus variés et moins prévisibles, se basent autant sur l'histoire personnelle des protagonistes et leurs relations (souvent conflictuelles) que sur la chasse aux monstres. Dans ce nouveau cadre, Abe Sapien reste un personnage plutôt effacé et mystérieux, mais non dépourvu de substance. C'est l'ami fidèle éternellement déprimé, celui sur qui on est sûr de pouvoir compter sans réserve dans les coups durs et que l'on est d'autant plus désolé de voir constamment mal dans sa peau. Le voilà maintenant héros d'une série propre qu'il va devoir porter sur ses seules nageoires.
La noyade se déroule en 1981 et précède donc chronologiquement la plupart des autres albums. Hellboy étant parti en vadrouille, Abe se voit confier une mission par le professeur Bruttenholm : récupérer une dague légendaire, malencontreusement fichée dans le cadavre d'un sorcier qui repose au fond de la mer, au large des côtes françaises. Tout un programme ! Inutile de préciser que rien ne se passera comme prévu et que les vacances à la plage vont tourner à l'empoignade homérique entre l'équipe menée par l'homme-poisson et une poignée de démons particulièrement retors. On le voit, tous les ingrédients habituels sont réunis, et c'est sans doute là que le bât blesse. Le récit est certes bien mené et efficace, mais il ne peut que laisser une impression de déjà vu aux fidèles de Hellboy. Même les retournements de situation n'amènent pas de réelle surprise. Indépendamment du scénario, on pouvait espérer qu'une histoire consacrée à Abe développe le côté psychologique du personnage, particulièrement énigmatique. Malheureusement, tout ce qu'on apprend de lui est qu'il est écrasé par les personnalités de Hellboy et Liz. Ce portrait est fort maigre, et de surcroît tracé de façon peu convaincante. C'est d'autant plus regrettable qu'Abe Sapien a un potentiel indiscutable, bien mieux exploité par exemple dans le tome 7 de B.P.R.D., Le Jardin des souvenirs.
La bonne surprise ne vient donc pas de l'histoire. Le dessin, en revanche, impressionne dès les premières pages : tout aussi sombre que celui de Mignola, il est beaucoup plus réaliste, ce qui confère aux planches un ton plus inquiétant, presque glauque par moments. Jason Shawn Alexander a incontestablement beaucoup de talent et un style qui colle parfaitement à l'atmosphère du récit. Tout bien considéré, il ne manque qu'un scénario à la hauteur du dessin - histoire moins classique, héros plus étoffé - pour que la série décolle. Pour convaincre au deuxième tome, Mike Mignola a donc toutes les cartes en main. La fameuse main droite de la mort ? Ca devrait aller tout seul !
La preview
Les avis
sebastien01
Le 31/01/2019 à 21:02:39
Abraham Sapien, l’homme-poisson, est, après Hellboy, une des premières recrues fantastiques du B.P.R.D. et l’on suit ici sa première mission en solo (Abe Sapien 2008, #1-5).
Scénarisé par Mike Mignola, tous les codes de l’univers d’Hellboy sont logiquement présents : un mystère à élucider, une ambiance sombre, un personnage taciturne et une intrigue ancrée dans le réel qui mêle un brin d’Histoire, de religion et beaucoup de fantastique. A la différence d’Hellboy, Abe n’est cependant pas du genre à faire dans l’humour et garde son sérieux tout du long. Envoyé à Saint-Sébastien, un ile française fictive, il fait rapidement la connaissance des calmars et murènes, d’une sorcière et d’autres moines démoniaques. Comme souvent dans cet univers, le personnage principal n’est pas acteur de son histoire, on découvre la nature du mystère à l’œuvre en même temps que lui et Abe se contente de réagir aux interactions dont il est témoin.
L’intrigue est fort simple et s’écoule sur cinq numéros qui permettent de développer une ambiance, de s’attacher aux symboles, de pousser les explications, bref d’épaissir un peu le mystère. Cela est d’autant plus agréable que le dessin de Jason Shawn Alexander, avec son aspect brut et très encré, colle parfaitement au récit. Une entrée en matière très réussie donc.
NB : Pour les amateurs, on retrouve une créature semblable à Abe Sapien dans le film "La Forme de l'eau" sorti en 2017 et réalisé par Guillermo del Toro, déjà réalisateur des deux films Hellboy.
Hugui
Le 25/09/2010 à 11:24:13
A part me donner l'occasion de découvrir ce qu'est "Hellboy" (merci Wikipédia") je n'ai pris aucun plaisir à lire ce comics. Tout est noir, incompréhensible, irréel et cafardeux. Certes il y a du travail dans le dessin mais je suis vraiment imperméable à cet univers.
A réserver aux amateurs du genre.