Info édition : Noté Dépôt légal : 2ème trimestre 2013
Résumé: Ici, tout se joue très vite pour le héros. « Vous êtes complètement dingues ! » lance-t-il à la cantonade (page 22). Peu après, sa perplexité angoissée grimpe d'un cran : « Où suis-je ? » (page 27). L'homme est piégé. Il a débarqué dans un vaste appartement pour louer une chambre. Les quatre colocataires l'ont accueilli sans hésiter, avant qu'il ne découvre que porte et fenêtres sont bloquées, qu'il est retenu prisonnier comme les autres, mais que ceux-ci, étrangement, semblent complices de leur propre détention. Pas le moindre indice pour expliquer la situation. Juste une insidieuse sensation de malaise fottant. Il est excellemment installé par le dessin qui mime un réalisme enjoué, attractif, pour mieux le pervertir, et accentué par les réactions erratiques des uns vis-à-vis des autres, comme contaminés par l'ambiance hostile des lieux.
T
oc toc…
- Qui est-ce ?
- Je viens pour la visite…
- Oh… Oui, entrez, je vous en prie…
Le nouvel arrivant, Ter, ne dépare pas au milieu de ces spectres errant dans l’appartement. Comme perdu, il se laisse porter par les événements sans se poser trop de questions. De toutes les manières, ça n’aurait pas changé grand-chose, il était déjà trop tard…
Note 1 : « J’ai décidé de commencer un journal. C’est le seul moyen de pouvoir à peu près mesurer le temps qui passe, vu qu’il n’y a pas d’horloges dans l’appartement, et aucun moyen de distinguer le jour de la nuit. »
L’atmosphère qui émane des premières planches laisse deviner qu'une inquiétante étrangeté s'est emparée des fondements du récit. Quelque chose cloche, bien au-delà du trait tremblant qui sculpte les personnages dans ce décor où tout n’est que vert-de-gris et où les murs semblent comme habités par une présence. Un immeuble très organique qui n’est pas sans faire penser à celui qui est au cœur de L’état morbide, triptyque de Daniel Hulet. Dans pareil environnement, le huis clos devient vite oppressant et la folie des uns et des autres ne tarde pas à se révéler sous le vernis d'une relative normalité.
Note 8 : « j’ai découvert le nom de cet endroit : Abaddon... Mes colocataires sont peu enclins à en découvrir davantage sur l’histoire de cet endroit. Et ils n’ont absolument aucune envie de s’évader d’ici… Ils ont une idée très floue du temps qu’ils ont déjà passé ici, ou des détails de leur vie d’avant leur arrivée. »
Pour tout dire, Ter n’est pas mieux portant. Dès qu'il ferme les yeux, c'est pour être hanté par des scènes de guerre, réminiscences cauchemardesques issues d'il ne sait où et qui n'apportent aucune réponse à ses interrogations. Le colocataire qui l'a précédé évoquait ses espoirs de « ne plus jamais rêver ». Est-ce pour cela que la lumière ne s’éteint jamais dans sa chambre ?
La fin de ce premier tome offre des perspectives des plus réjouissantes pour le suivant prévu pour mi-septembre.
Note 301 : « je vous en supplie, tuez-moi ».
Les avis
Jushill
Le 26/02/2021 à 16:20:53
Une atmosphère très glauque se dégage dès les premières pages et continue tout au long de la lecture. Il faut la supporter surtout en ces temps de confinement et de couvre-feu ! Néanmoins, je n'ai pas pu décrocher de ce huis clos plus qu'inquiétant... J'ai juste une envie... lire la suite !
Erik67
Le 07/11/2020 à 11:00:24
C'est un récit très étrange avec une atmosphère très claustrophobique. Il faut dire que cela avait commencé assez normalement avec un homme cherchant à louer un appartement avec 4 autres colocataires.
Cependant, cela prend une tout autre tournure à partir du moment où il veut fuir une certaine folie s'emparant insidieusement des personnages. Je n'aime pas trop les chats mais je n'ai pas du tout aimé le sort réservé à ce pauvre chaton. La censure et Brigitte Bardot ne sont pas loin.
Le premier tome aurait pu se suffire à lui-même, c'est certain. Cependant, le second tome va apporter des réponses à toutes les questions lancinantes à commencer par l'identité de notre héros. J'ai beaucoup aimé ce récit d'ambiance avec ces mystères ainsi que cette perte de repères.