Résumé: Sur la planète Ona(j), le petit groupe parti à la recherche de la substance Aâma est arrivé au bout de son périple. Seul rescapé de l'aventure, Verloc Nim sait que sa rencontre avec Aâma ne le laissera pas indemne, mais il compte bien utiliser cette nouvelle puissance pour rentrer chez lui et retrouver sa fille. Un final en apothéose.
V
erloc Nim touche enfin au but. Après une longue et mortelle randonnée à travers Ona(ji) et les créations extraordinaires d'Aâma, il va enfin pouvoir comprendre la raison de sa venue sur cette planète. Enfin, comprendre n'est peut-être pas le meilleur terme. Une autre sorte de voyage plus intérieur est sur le point de débuter...
Avec Tu seras merveilleuse, ma fille, Frederik Peeters clôt sa fabuleuse saga cosmique aux allures de conte philosophique (à moins que ce soit l'inverse). Depuis Les pilules bleues et, plus particulièrement, Lupus, le Genevois s'est fait une place enviable dans le paysage de la bande dessinée : celle d'un auteur doué graphiquement et, surtout, doté d'une écriture exigeante. Sa dernière création en est l'illustration parfaite. En effet, sous le couvert d'un récit de science-fiction classique (société multi-ethnique économiquement ségrégationniste, mission scientifique vers un monde inconnu, enjeux secrets et autres complots technologiques), le scénariste explore, en fait, une multitude d'enjeux humains (la famille, la filiation, le rôle du père, etc.). Au fil des pages, ces différents éléments s'entremêlent et s'additionnent organiquement pour ne faire qu'un. Résultat, le lecteur est entraîné dans des territoires qui peuvent paraître parfois abscons, mais toujours surprenants et engageants intellectuellement. Stanley Kubrick avait commencé son odyssée en faisant valser les vaisseaux spatiaux avant d'aller à la rencontre de Dieu, Peeters s'amuse avec l'exobiologie pour mieux démystifier la procréation et ses obligations morales.
Il restait à offrir un « emballage » graphique à la hauteur de ce scénario ambitieux. Sur ce plan, le dessinateur de Koma ne déçoit pas. Découpage ludique et inventif, grandes compositions quasiment abstraites, l'artiste a été porté par son sujet. À la fois ultra-lisible et fluide, le trait en impose par sa maîtrise, tout en laissant une impression de facilité déconcertante. Sûr de sa force, Peeters laisse « glisser » librement sa plume sur le papier et donne ainsi une identité visuelle admirable à ce périple fantastique.
Impressionnante et ardue (cryptique diront certains), Aâma fait partie de ces œuvres qui demandent attention et relectures pour bien l'apprivoiser. Des heures de plaisir et de (re-)découverte à venir !
Sur le même sujet : la chronique de L'odeur de la poussière chaude par T. Pinet.
Les avis
Yovo
Le 14/01/2020 à 18:07:37
Quel auteur ce Peeters !
Par contre, si je considère Aâma comme un chef d’œuvre, il faut quand même savoir que ce n’est pas du tout de la SF meanstream ! On est plutôt dans une vision cérébrale, onirique et très personnelle du space-opéra, comme « Solaris » ou « 2001.. » l’étaient à l’époque pour le cinéma. Un lecteur cartésien pourrait donc prendre ce 4ème et dernier tome comme un trip halluciné, cafouilleux et mystique… Pour moi, c’est un final en apothéose qui m’a poussé au bord du vertige, m’a questionné longtemps après la lecture et qui a même réussi à m’émouvoir, notamment par sa dimension humaniste, aussi touchante que désespérée.
C’est audacieux, intelligent et superbe à la fois. J’en suis à ma 3ème lecture et je trouve ça de mieux en mieux. Culte !
minot
Le 31/01/2016 à 17:30:50
AAMA se termine superbement avec ce dernier volume. Visuellement très beau, ce tome conclue efficacement cette série, à la fois saga cosmique délirante et véritable récit humaniste. Une série qui procure une vraie sensation d'évasion à la lecture.
StephaneV
Le 22/01/2015 à 20:30:45
Je suis très fan de tout ce que fait F. Peeters. Cette série est toujours aussi bien dessinée mais j'avoue que ce dernier album m'a un peu perdu....
Je n'ai pas compris grand-chose et ça nous laisse un peu sur notre faim.
ZPATZ
Le 20/10/2014 à 19:33:54
Quel puissance onirique….!!! Nul doute que Aama figurera parmi les plus grands et sera regardé par nos enfants comme une œuvre au même titre que fut les « incals » ou bien les « corto maltese » et tant d’autres qui malheureusement commence a se faire rare dans l’univers de la Bd , certes il y a de la création mais pas de cette dimension. La qualité, peut être, première de Aama c’est sa lisibilité et comme l’explique Frank Le Gall : il ya des milliers d’esthétiques possibles mais il faut pas que cela soit au détriment de cette fameuse lisibilité. La coexistence de la réalité et de l’imaginaire voila ou nous mène le Génial Frederik peeters. En résumé : Graphiquement c’est Superbe, le scenario vraiment bien ficelé, une ode humaniste ,des couleurs a faire rugir de plaisir,