Résumé: Siné rencontre le jazz très tôt, dans le Paris de l'après-guerre, par les V discs des troupes américaines, chez qui il découvre aussi la ségrégation envers les Noirs américains. C'est l'époque du jazz à Saint-Germain-des-Prés mais aussi du concert de Dizzy Gillespie à Pleyel en 1948, de la bataille du be-bop entre les Anciens et les Modernes, dans laquelle il prend parti avec des copains comme René Urtreger. Quand paraissent ses premiers dessins dans la presse, il ne délaisse pas pour autant le jazz. De la dénonciation du racisme des Américains blancs envers les Noirs à ses positions anticolonialistes exprimées dans L'Express, il n'y a qu'un pas. Et il ne s'arrêtera pas en si bon chemin, fustigeant de son crayon et de sa plume pendant plus de cinquante ans militaires, flics, curés ou tenants de l'ordre moral. En 1962, à la suite de la " revue de presse " de Boris Vian, disparu en 1959, il tient dans Jazz Hot une rubrique mensuelle sous le titre " Débloc-notes ". Il innove en proposant une page de dessins et de textes manuscrits qui préfigure ses chroniques dans Charlie Hebdo ou celles de Willem dans Libération. En 1966, il devra chercher refuge dans les pages du concurrent, Jazz Magazine, à la suite d'un acte de censure de la direction de Jazz Hot à propos d'un de ses papiers. Ainsi, pendant presque huit années, Siné va tenir le journal d'une des périodes les plus intéressantes du jazz, période d'une créativité extraordinaire où cohabitaient les courants les plus divers. Les batailles du moment laissent apparaître non seulement les oppositions entre tenants des formes passées et novateurs, mais surtout révèlent les fortes réticences de la société à l'encontre d'une musique dédaignée, et même détestée, parce que noire américaine. Ce livre est un témoignage exceptionnel d'un des plus grands dessinateurs de presse sur le jazz, sa passion. Il réunit aussi les réalisations graphiques de Siné en affiches, pochettes de disques, couvertures de livres et magazines.