«
Parler de moi n'est pas dans ma nature
Je ne suis pas qui tu crois, quelle imposture
Quelle imposture, quelle imposture
Sommes-nous seuls au monde ?
Nous sommes dans la gueule du loup
Comme l'homme est un loup pour l'homme
L'homme est un loup pour l'homme»
(Karim Ouellet)
Après le mystérieux Hôtel Atlantide, Serge Kliaving revient avec un nouvel album pas moins intrigant et envoûtant. Moitié conte de Perrault, moitié introspection métaphysique et moitié fable fantastique, le lecteur est plongé dans une histoire où, tant ses névroses que des peurs primales venues de la nuit des temps donnent le la et mènent la danse. Tel Candide, le héros-nyctalope fera le tour du monde et témoignera des horreurs provoquées par l’homme, avant de retourner là où il est parti et se confronter à sa propre finitude.
Dur et implacable récit muet aux illustrations davantage gravées que dessinée par une plume d’acier trempé, La Maison du loup n’est pas d’une approche la plus facile. Dépouillé de tout superflu, le scénario se limite à l’essentiel et laisse le loisir au lecteur pour boucher les trous et faire sa propre route. Cependant, l’auteur sait où il va et, malgré la liberté apparente de la narration, il n’hésite pas à «recadrer» durement ceux qui se perdraient en route. Il ne faut pas lui en tenir gré, car, sous son aspect austère, l’ouvrage regorge d’érudition et de générosité graphique. Fraîchement resurfacés, truffés de nids de poules ou bucoliques, tous les chemins ne se ressemblent pas, mais tous mènent quelque part.
Surprenante et inquiétante quête initiatique qui ressemble finalement beaucoup à un condensé de l'existence, La Maison du loup devrait séduire les philosophes amateurs des jeux macabres à la manière d’Edward Gorey ou de Topor.