Info édition : En 2008, Nicolas de Crécy part dans l’une des résidences d’artistes les plus mythiques au monde : la Villa Kujoyama, près de Kyoto. Pendant 5 mois, il va vivre une expérience humaine et artistique exceptionnelle, aux pieds des montagnes de la région du Kansaï. C’est dans cet environnement coincé entre la modernité de Kyoto et l’ascétisme monacal de la Villa, vouée à l’inspiration artistique plus qu’à la tentation des boutiques colorées du centre-ville, que Nicolas de Crécy va commencer son carnet. Ce sublime ouvrage est une ôde à ce pays si contrasté qu’est le Japon. Les dessins inédits de l’artistes se mêlent à ses impressions souvent drôles et toujours émouvantes, pour donner toute sa force à ce livre qui lui est cher.
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Il y a deux approches de la peinture : par la ligne et par la masse. L’Orient travaille la première et l’Occident la seconde. Pas impossible que la ligne claire trouve sa source inconsciente dans les estampes japonaises." Moebius.
Inspirée par le modèle de la Villa Médicis à Rome, la Villa Kujoyama, dirigée par l’Institut Franco-Japonais du Kansai en association avec l'Institut Français, est une résidence d’artistes située à Kyoto qui accueille des créateurs inscrits dans une démarche professionnelle. Déjà résident de la Maison des auteurs d’Angoulême en 2005 et 2006, Nicolas de Crécy est un habitué de ces lieux d’émulations collectives et multiculturels. Lauréat de la Villa Kujoyama en 2008, il nous livre avec Kyoto un carnet de voyage dans lequel il croque de son trait faussement hésitant si caractéristique, une ville où se mêlent - lieu commun par excellence sur le Japon - modernité et culture millénaire. Les portes de temples zen côtoient les buildings du centre-ville alors que les pins séculaires le disputent à l’enchevêtrement des poteaux électriques. Suivre de Crécy, c’est flâner dans Kyoto en s’attardant, au grè des rencontres, sur un visage, une échoppe, une étudiante ou le menu d’un restaurant. Il y dessine le quotidien comme un photographe prendrait un cliché... En pause longue. Le lecteur connaissant son penchant pour le fantasmagorique ne s’étonnera pas de trouver, ici et là, un yokai ou un oni* surplombant la ville.
Difficile de ne pas comparer le Kyoto de Nicolas de Crécy au Japonais d’Emmanuel Guibert. Deux auteurs de la même génération, aux univers très personnels et tous deux lauréats de la Villa Kujoyama. Le travail que nous proposait Emmanuel Guibert avec son livre paru chez Futuropolis était beaucoup plus expérimental. Il se livrait autant à la performance qu’au clin d’œil et posait sur ses réalisations un regard distant, parfois cocasse, multipliant les techniques et les supports.
Le livre de de Crécy est plus classique dans sa forme, même si l’écrin est plus luxueux. En refermant Kyoto, deux sentiments se dégagent. Le premier est l’urgence de sortir nos vieux carnets de dessins et de crayonner ce qui nous entoure, fusse cet Occident bien pâle en regard des scènes qui viennent de nous être proposées. Le second est une certaine nostalgie. La douce mélancolie d’un voyage que l’on n’a pas fait.
Sachant que Winchluss est lauréat 2011 de la Villa Kujoyama, on attend, non sans impatience, le matériau et les influences qu’il aura puisés lors de son séjour.
*Esprit japonais plus ou moins taquin.
A lire aussi : La chronique de Japonais d'Emmanuel Guibert
A voir : La preview de Japonais d'Emmanuel Guibert
Ci-dessous quelques images comparatives de Carnets de Kyoto et de Japonnais