Info édition : Douxième livre de la collection Victor. Il mesure 21 cm x 28 cm pour 128 pages. En noir et blanc et en couleur.
Résumé: Réédition très complète de Chez les toubibs. Ce livre a été écrit et dessiné par Gus Bofa pendant qu’il croupissait dans les hôpitaux militaires après qu’une balle lui eut transpercé le pied gauche et fracassé la hanche droite, en décembre 1914. Il y décrit la faune qui en peuple les couloirs, du malade au médecin-chef, et les pratiques expérimentales de l’époque, qui ramenaient les blessés du front à l’état de cobaye. Le ton est incisif, drôle et sombre. L’auteur met à distance les horreurs vues et vécues en dressant un paysage absurde, dans lequel les infirmiers font du chantage aux malades, les praticiens s’empêtrent dans les circulaires, les statistiques et les amputations préventives. Emmanuel Pollaud-Dulian, auteur de Gus Bofa, l’enchanteur désenchanté, signe la préface de cette édition, qui rassemble tous les dessins de l’édition de l’époque, ceux mis en couleurs parus dans la Baïonnette, et des esquisses inédites. TRÈS complète, je vous dis.
Grièvement touché aux jambes le 7 décembre 1914, lors d’une patrouille dans le secteur du Bois-le-Prêtre, Bofa refuse de se laisser amputer. Trimballé d’une ville l’autre, d’un traitement l’autre, il endure la promiscuité de l’hôpital jusqu’à sa démobilisation en novembre 1915. Deux ans plus tard, alors qu’il commence à peine à remarcher, soutenu par des béquilles, il s’offre le luxe de dénoncer, en plein conflit et malgré la censure, le sort que le service de santé réserve aux blessés confiés à ses soins. A la fois témoignage et pamphlet, Chez les Toubibs paraît en décembre 1917. Qualifié par Roland Dorgelès de béquille lancée dans les jambes des majors, cet album raconte le quotidien des hôpitaux militaires, univers absurde où l’on rafistole le bétail humain pour le renvoyer à l’abattoir. Dépassé par l’ampleur de la catastrophe, le personnel de santé vaque benoîtement à sa besogne. Cynisme ou indifférence, les toubibs refusent d’avouer leur faillite. Loin du cliché des infirmières sémillantes et des chirurgiens dévoués, Bofa décrit un système qui transforme les blessés en cobayes livrés à l’arbitraire des majors. Les insuffisances et les errements du service de santé resteront longtemps un sujet tabou. Il était plus que temps de rééditer un livre cruel, qui pourrait avoir en exergue la phrase de Louis-Ferdinand Céline : « Je n'ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde. »