R
écit autobiographique sur la relation entre une mère alcoolique et son fils.
Ce livre est paru en septembre dernier et est passé bien inaperçu dans le flot des sorties de l’automne. Et pourtant, c’est un petit bijou narratif, un très beau moment de lecture. Un livre dur et poignant.
L’auteur y raconte la souffrance d’avoir une mère qui sombre dans l'alcool pour l’enfant qu’il était. Cette mère, l’être adoré entre tous et qui est devenu brutalement celle qu’on déteste et qu’on ne veut plus voir, qu’on ne peut plus voir. De toute évidence, il ne s’en est pas remis, comment pourrait-on s’en remettre ? Et puis, lorsqu'on a 22 ans, l’âge de Raphaël Terrier, l’enfance n’est pas si éloignée.
Le parti-pris graphique et narratif du livre, un à trois dessins par page, pas de case, pas de bulles, un dessin plutôt brut et en esquisse, renforce le processus d’identification du lecteur. Il perçoit ainsi une part de la douleur d’avoir une mère dont la déchéance induit un comportement violent et dangereux.
Il n'y a pas une faute narrative dans cet album vraiment original, les pages qui font basculer la vie de la famille à cause de ce nouvel amant (Johnnie, la bouteille de Whisky) sont de ce point de vue extrêmement efficaces. On ressent bien toute la sincérité à fleur de peau dans ce témoignage touchant et angoissant, qui ne tombe jamais dans la facilité ni le pathos. Et lorsqu'apparait enfin cette image pleine page du visage de la mère, cachée tout au long du récit, la dureté et la souffrance qu'il exprime va s’imprimer dans notre imaginaire de lecteur afin de reconstituer les scènes précédentes.
Ce jeune auteur nous fait vraiment partager cette relation intime d’amour/haine qu’il a avec sa mère et qu’il avait besoin d’exorciser. Une réussite qu’il serait vraiment dommage d’ignorer.