T
ache s’ennuie. Il faut dire que ses journées, passées auprès de son père et de ses deux tantes, n’incitent pas à l’enthousiasme. Son statut d’enfant privilégié ainsi que les courbettes un brin forcées mais nécessaires accompagnant le passage de la Reine, le barbent profondément. Alors, dès qu’il en a l’occasion, il part rejoindre ses deux compères, Rob et Hernie, dans la basse-ville. L’apparition de Jude, une jolie jeune fille récemment échappée d’un orphelinat, va lui apporter le piment nécessaire pour égayer quelque peu son existence monotone. Les trois garçons décident de l’accompagner chez le Vieux Ben où elle pourra trouver refuge.
Après Entre deux averses et Roudoudou Blues, A l’ombre des murs est la troisième collaboration d’Arnaud Le Roux et Marion Laurent. Dans un registre beaucoup plus léger que les deux précédents albums, ils présentent l’histoire de gamins de rues dans un monde totalement imaginaire. Dès les premières pages, les quatre personnages font immédiatement penser à ceux d’Enid Blyton, auteur du "Club des Cinq". L’aspect un peu vieillot du récit, l’utilisation d’un français d’un autre âge ainsi que le dessin tout en sépia renforce cette impression. Pourtant, le charme (ou la délicieuse saveur d'une madeleine, c'est selon) présent dans l’un des titres phare de la Bibliothèque Rose a, ici, du mal à opérer.
Dès les premières pages, l’univers pensé par l’auteur peine à trouver sa place. Des termes tels que « Contestataire », « Rébellion » ou « Première Répression » sont employés sans qu’à aucun moment on ne sache vraiment à quoi ils correspondent. L’histoire défile, lentement, sans que le lecteur parvienne à s’imprégner de l’ambiance de la ville et de son passé. Quelques jolies trouvailles viennent parfois agrémenter le récit, comme Doubl’Croche, gardien de machines improbables telles que le Rafle-Maïs ou le Coupe-Pouf. Hélas, ni les brefs instants de poésie, ni le dénouement, très convenu, de ce conte trop souvent soporifique, n’ont les capacités de susciter autre chose qu’un faible intérêt qui s’étiole au fil des pages. L’ennui de Tache s’est révélé, malheureusement, communicatif. Même le travail de Marion Laurent, fin et délicat, s’accorde mal avec le thème et apporte, par le choix des couleurs, une ambiance lourde et pesante là où on attendait plus de légèreté.
A l’ombre des murs ressemble à un vaste chantier dont les bases sont posées de façon anarchique, sans lien les unes avec les autres. Satisfaisant, peut-être, pour le début d’une longue saga répartie sur plusieurs tomes. Mais insuffisant, en l’état, pour accueillir les aventures de quatre ados un peu perdus au milieu des travaux.
Les avis
Erik67
Le 30/03/2022 à 09:20:43
L'univers graphique m'avait attiré de premier abord avec son ambiance pastel. Mise à part la beauté du dessin, il n'y a pas grand chose à retenir de cette histoire de jeunes réfractaires hostiles au système et à la Reine ou son Chambellan. C'est classique et sans surprise dans le contenu.
Par ailleurs, le récit est plutôt très bavard avec des dialogues assez fades qui vont se révéler soporifiques. On a un héros qui refuse de donner son vrai nom et quand il va enfin le dire et le révéler au lecteur, cela coupe brutalement. J'ai horreur de ces effets de mise en scène. Cela m'énerve plus qu'autre chose.
L'éditeur Futuropolis m'a habitué à beaucoup mieux dans le passé. Ce n'est pas vraiment un loupé car cela peut plaire à d'éventuels lecteurs pour son originalité par rapport à un univers décalé ou une uchronie de style steampunk. Moi, je passe mon tour cette fois-ci. On ne gagne pas à tous les coups.