L
e strip connaît récemment un petit retour en grâce, plus spécialement dans la BD d’humour « adulte ». Ce genre, présent dès les premières bandes publiées à la fin du XIXe siècle, a toujours été populaire outre-Atlantique. En Europe, ces histoires en trois et quatre cases n’ont jamais réussi à vraiment s’imposer. À la place, ce sont le gag en une, voire une demi, planche ou et le dessin d’humeur qui réunissent les faveurs du public. Cette technique narrative particulière resserrée exige un art certain de la concision, de l’ellipse et, évidemment de la chute. L’Abbé (Cafardman, Docteur Peste) apporte sa pierre à l’édifice avec le très parlant 3 cases pour 1 chute.
Après un mini-mode d’emploi, en une ligne naturellement, l’auteur déroule son esprit sans se poser de question et à peu près tous les sujets sont passés à la moulinette. Vue la quantité, il y a immanquablement des hauts et des bas, des situations qui fonctionnent mieux que d’autres, quelques répétitions (pas de running gag malheureusement) et une pincée de déjà-vus. Globalement, l’ensemble s’avère efficace et hilarant, ouf, c’est déjà ça. Graphiquement, l’influence de Manu Larcenet continue de hanter – pour ne pas dire habiter – la plume du dessinateur. À plusieurs occasions, la confusion est même possible. Il y a pire comme modèle, mais arrivé à son troisième ouvrage, il serait temps que L’Abbé trouve sa propre chapelle afin de s’épanouir librement.
Excellente lecture minute, 3 cases pour 1 chute démontre par l’exemple de la force des histoires courtes. Allez, encore une et je referme le bouquin.