Résumé: L ’histoire en soi est simple. Au soir de sa vie, un roi se voit proposer par un mage étrange de vaincre sa propre mort. Homme de bien, il n’hésite pourtant pas à céder aux pires compromissions pour accéder à un désir d’éternité devenue obsessionnel.
Le choix du conte offre l’avantage d’un récit aux règles élémentaires et linéaires pour les plus jeunes, comme la possibilité d’un second degré pour leurs aînés. Or, dans le cas présent, il apparaît rapidement que Les 3 fruits n’est en rien destiné à quelques bambins en mal de sensations fortes ! S’il est communément admis que ces allégories, en mettant en scène les méandres de l'inconscient, aident toute progéniture à grandir et comprendre le sens des choses, il faut reconnaître que le père de l’élève Ducobu jette la confusion à force de profusion. Avec une histoire aux nombreuses circonvolutions, il se perd dans une narration aux figures de style trop récurrentes. Seule la fin semble devoir sauver cette fable.
L’impression est totalement différente concernant le graphisme d’Oriol. Tout en ombres et avec une glaçante efficacité, il révèle la part sombre des hommes et l’horreur, comme l'absurdité, des situations où ils se fourvoient. Au-delà de la singularité d’un trait, sa mise en couleurs, d’un aspect très proche du rendu de la peinture, concoure à donner à son dessin toute sa puissance et une anachronique douceur aux quelques dames qui tentent d’exister dans cette parabole du mâle.
Valant surtout par son esthétisme, cette nouvelle coopération entre le scénariste belge et le dessinateur espagnol donne un album insolite et inclassable qui nécessite plus qu’une simple lecture pour en apprécier pleinement la beauté comme la teneur.