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n parfum de scandale plane sur la résidence Casa Blanca. Clarissa est introuvable et son mari, inconsolable. Cette disparition soudaine et inexpliquée inspire bien des hypothèses parmi les vacanciers, en défaveur de la compagne suspectée de s'être enfuit avec un jeune playboy. Seul Brett se risque à défendre l'honneur de la femme vilipendée. Son plaidoyer sincère en butte à l'opprobre unanime touche et ravive des souvenirs douloureux pour Madame Z. qui va s'ouvrir à l'écrivain dans une mise à nu à la fois pudique et totale. Trente ans auparavant, des mains hypnotiques et un acte manqué ont entaché de regrets toute l'existence de la vieille dame : «si seulement il s’était avancé vers moi, en disant une parole ou en faisant un seul pas, s’il avait tenté de me prendre, à cette seconde j’étais perdue et liée à lui pour toujours».
Stephan Zweig est l'auteur de ce court roman paru en 1929. Transposée dans le Vegas actuel, le contexte substitue le précieux et la classe de la Côte d'Azur au clinquant et à l'artificiel de la capitale du péché, Mme Henriette devenant la belle Clarissa et l'élégant français, Hakeem le surfeur brésilien. Exceptés quelques arrangements nécessaires pour correspondre à l'époque moderne, le texte originel est respecté. Il reste que certains aspects de l'intrigue s'en trouvent décrédibilisés. En effet, si au début du vingtième siècle une épouse partant sur un coup de tête avec un inconnu paraissait le comble de l'immoralité, cela constitue à présent un fait presque banal. L'exploration de l'âme et du cœur féminins, ainsi que le démon du jeu restent néanmoins intemporels et en cela, la beauté de l'énoncé exprime au mieux la passion et les affres subies.
Nicolas Otero (Confessions d'un enragé) imprime une identité certaine à ses illustrations. Visuellement irréprochable grâce à une composition très cinématographique, un symbolisme pertinent, des cadrages variés et des cases libres de tout contour, la lecture s'avère également fluide et relativement agréable. Cependant, le trait, s'il exprime beaucoup de personnalité, manque d'intensité et de folie pour appuyer et exprimer toute la puissance et la fulgurance du contenu. Une différence d'âge entre le duo visuellement peu flagrante amenuise quelque peu l'impact et la légitimité de la culpabilité de l'héroïne.
Une journée peut valoir toute une vie et un instant d'hésitation gâcher un avenir. Le pari était audacieux. Pour qui ne connaît pas l’œuvre, Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme s'avère un exercice de style indéniablement réussi sur la forme, mais, du fait d'un défaut de crédibilité et d'un graphisme ne relayant pas le souffle de l'écrit, l'amateur de classique ressentira un soupçon de déception là où le néophyte sera satisfait.
Autour de Stephan Zweig : Le joueur d'échecs
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Les avis
Erik67
Le 30/08/2020 à 13:29:54
Il suffit parfois de 24 heures dans la vie d'une femme pour qu'elle puisse prendre parfois une autre direction. Les maris devraient prendre garde.
On est en Californie dans les années 80 ce qui change un peu de la Riviera des années 30. Une femme a disparu en laissant tomber époux et enfants pour une amourette ce qui est l'occasion d'une réflexion entre un jeune romancier et une vieille dame qui fut jadis une jolie femme en proie aux mêmes pulsions. A noter qu'il s'agit d'une version un peu moderne de l'oeuvre de Stefan Zweig.
J'ai bien aimé le déroulement de celle-ci même si le début ne m'avait pas franchement convaincu. Il s'est passé quelque chose entre-temps. Le dessin demeure un peu trop classique à mon goût mais cela ne sera pas l'essentiel à retenir. En effet, on sera sublimé par les sentiments de cette femme qui tombe amoureux d'un homme qui n'en vaut finalement pas la peine. Moralité: se garder de se faire tout de suite une opinion et bien réfléchir avant de s'engager.