Venosa 1. Cinq cadavres sur le pavé

D evant l'inefficacité crasse de ses troupes d'humains, le roi Jaranis change de stratégie : ce sera par le siège que la vile cité de Venosa tombera ! Dans ce berceau infâme se trouvent non seulement des individus de la pire engeance, mais surtout de dangereuses substances, comme l'opalum, une drogue qui a mortifié la chair de sa chair, sa fille Neige. En dépit de la menace latente, la vie continue à l'intérieur des remparts ; la mort aussi car l'embuscade d'un convoi a viré au carnage. Cinq convoyeurs ont été massacrés par deux associés de la bande à Mornifle. Il est une chose d'être accusé de vol, mais de meurtre ! En attendant de trouver de parfaits boucs émissaires pour satisfaire le maître de police Gargarine, les voleurs examinent leur butin. Première mauvaise idée : cette découverte va coûter un bras à l'un des membres. La deuxième : faire du chantage au propriétaire, un mage aux desseins loin d'être sages.

Olivier Milhiet (Spooghe, Aniss, Caravane) a l'imagination enthousiaste et s'en sert pour faire sortir la fantasy de son confort en la mâtinant de ses trouvailles jubilatoires, et néanmoins bien structurées. L'univers qu'il propose, avec ce premier tome, est un mélange de Moyen Âge oriental fantastique... ou d’Orient moyenâgeux horrifique ? Qu'importe, le résultat est digne d'un freak show zoologique dans un décor pavé de mauvaises intentions. Faisant fi du langage poli, les dialogues fleuris parfument agréablement les joutes oratoires. Moult personnages s'agitent et se débattent dans l'entrelacs savant d'intrigues sous la baguette de l'artiste qui a le sens du rythme. L'air de rien, le projecteur s'attarde sur l'un, sur l'autre, pas de jaloux : l'intérêt est général. Juste entrouvert, le sombre et violent royaume de Venosa fait la promesse de surprendre et solliciter les zygomatiques avec son humour trash.

Le style fort en gueule à l'encrage marqué, associé aux couleurs franches d'Albertine Ralenti assurent un sacré caractère au graphisme. Il ne faut pas oublier les angles de vues et les déformations de perspectives qui font penser, d'une certaine manière, aux travaux de Maurits Cornelis Escher et happent le regard.

L'été arrive et Venosa taille un short aux séries plan-plan timorées avec un dessin original qui a de la personnalité et un scénario sous Marie-Jeanne, stupéfiant.

Moyenne des chroniqueurs
7.7