Psycho-Investigateur / Simon Radius, Psycho-Investigateur 4. L'Héritage de l'Homme-Siècle

L e procès opposant Jean-Lou Bonseigneur à Simon Radius approche à grands pas et ce dernier ne sait toujours pas s'il a récupéré ses facultés paranormales. L'occasion de régler les deux problèmes se présente par l'entremise de Henri Du Perthuis. Après une introduction cordiale, le bourgeois propose ou plutôt, impose, un ultimatum déloyal : un témoignage favorable à Simon dans son affaire en échange de l'exploration des souvenirs confus de son père, Eugène. En effet, depuis quelques années des crises l'affaiblissent et au cours de l'une d'elle, il aurait mentionné un trésor ! Commence alors pour le psycho investigateur un voyage mnémonique qui va l'emmener très loin... et tout près à la fois.

Ce nouvel épisode est dans la parfaite continuité des précédents. En mauvaise posture, le héros insolite est entrainé malgré lui dans une affaire teintée d'exotisme (Népal, Iran, Liban) et de manipulations retorses. L'intrigue, riche en rebondissements, est de haute voltige mais la narration reste contrôlée de bout en bout. Sur la base peu novatrice d'énigme à résoudre, Erwan Courbier contourne l'écueil de la facilité par une interaction avec le domaine pointu de la psychanalyse. Mais, pas de panique, son approche revisitée est tout à fait abordable et passionnante. Avec des petites notes explicatives et des indices parsemés déci delà, le lecteur participe activement à la résolution de l'histoire.

Benoît Dahan conserve son trait semi-réaliste qui accorde une vraie présence à ses personnages. Le travail de mise en pages est impressionnant (la couverture à l'emporte-pièce l'atteste), chaque planche est différente dans le découpage, l'agencement et le contour des cases, composant une véritable architecture visuelle. En plus d'être esthétique, le résultat impacte directement sur le récit en l'imprégnant ingénieusement de l'ambiance idoine. La vaste palette de couleurs s'adapte en fonction du rendu des émotions, dans l'ensemble, ce petit côté désuet-chic" est très agréable.

Inventivité graphique et intelligence scénaristique font de «Psycho-investigateur» un delirium très dense dont il serait dommage de se sevrer. Sans verser dans le tape-à-l’œil vain tendance exercice de style, rarement la technique graphique aura autant servi un récit. Psycho-investigateur, c'est entendu ; hypnotiseur aussi ?

Moyenne des chroniqueurs
7.0