Une génération française 2. Populations trahies

« Nos gars ont fait ce qu’ils ont pu avec les ordres qu’ils avaient. »
Le lieutenant Tanguy Brettin d’Arconnet, militaire de carrière et fils d’un héros de 14-18 est au front sur une ligne Maginot que l’on prétendait infranchissable. L’armée allemande est cependant surentrainée et la française mal dirigée par un état-major vieillissant. Les hommes se défendent pour la forme et pour l’honneur, mais dans les rangs personne n’a le moral, personne n’y croit. Bref, la débandade est totale. Une fraction des soldats fuit vers la Grande-Bretagne d’où elle espère se réorganiser. Mais à quoi bon puisque le maréchal Pétain plaide pour la capitulation.

Cette première partie d’un diptyque (inscrit dans Une génération française, une trilogie de doubles albums ; les deux autres traitant de la résistance et de l’exil) constitue à peine un récit. Les acteurs ont peu de charisme, le protagoniste n’a d’ailleurs pas vraiment de densité, sinon à l’occasion de quelques actes présentant un conflit larvé avec son père. En terminant le livre, le lecteur se souvient d’un climat, des états d’âme des combattants, mais surtout de l’évocation d’un triste épisode de l’histoire de l’Hexagone. Cette approche impressionniste n’est pas inintéressante, elle souligne que la figure centrale est tout simplement la guerre et que dans ce cadre les conscrits occupent des rôles de soutien.

Le découpage de Manuel Garcia est très créatif. Les cadrages sont variés, les pages sont souvent imprimées à marge perdue, les illustrations s’empilent ; peut-être certaines planches sont-elles trop chargées ? Cette construction, un peu chaotique, évoque pourtant bien la violence des affrontements. Le dessin, réaliste, est percutant. Les personnages et les situations sont crédibles. Les nombreuses scènes d’action sont énergiques. Au final, le bédéphile ressent toute l’intensité des hostilités et la douleur de la défaite.

Un propos didactique, qui s’attarde sur une toute petite partie de la déroute. D’une belle efficacité.

Moyenne des chroniqueurs
7.0