Sept 20. Sept athlètes

«L'étoile rouge de Montreuil», c'est le nom que se sont donnés Nicole, Jeanne, Antoine, Francesco et Carlo. Tous pratiquent l'athlétisme et ensemble, ont décidé de participer aux Jeux Olympiques Populaires en Espagne, en réaction à ceux officiels de Berlin souillés par le nazisme. Jamais auparavant leur devise : «Brise et passe tous les écueils ! » n'aura requis autant leur engagement. Car en ce mois de juillet 1936 éclate le coup d'état de Franco. Loin de contrer leur élan, ce sera l'occasion pour eux d'utiliser leurs talents et se surpasser, pas pour eux-mêmes ou un titre, mais au nom de la liberté et de la vie, tout simplement. Sur le terrain, la petite troupe s'enrichira de Neil, l'irlandais au sang chaud, et Rudi le juif allemand.

Kris et Bertrand Galic (Un maillot pour l'Algérie) présentent leur version du chiffre symbolique. Prenant appui sur des faits réels, ils mettent en scène un groupe de sportifs et amis d'origines différentes, mais dont les idéaux se rejoignent. Partis pour s'engager dans une compétition, ils se retrouvent impliqués dans un conflit contre un adversaire d'une autre envergure : le fascisme. Imbriquée dans ces événements historiques, l'intrigue brillante est relativement cohérente. Le sport est prétexte à la démonstration de leur esprit d'équipe et l'expression sincère de leurs valeurs nobles. Les personnages, hauts en couleurs, sont attachants et possèdent un caractère intéressant, ainsi qu'une personnalité bien développés, ce qui constitue l'un des principaux défis de ce concept. Le rythme est savamment dosé, laissant les tensions monter et les enjeux se resserrer progressivement, passant de l'international, au personnel et familial. Le ton évolue également, de léger (grâce aux relations pimentées entre certains personnages), il devient sérieux pour finir dramatique.

David Morancho est un dessinateur espagnol qui a déjà démontré son talent dans une première série, Sara Lone. Son style réaliste est parfaitement indiqué pour le contexte. Son trait est fin, régulier et plein d'allant. Net, minutieux et sans surcharge, son encrage délicat met en valeur décors et paysages, que ce soit les citadines Paris et Barcelone ou les petits villages ruraux de l'arrière-pays. De pair avec les couleurs lumineuses de Javi Montes, le rendu est impeccable. Les scènes de batailles finales sont retranscrites avec souffle grâce au dessin inspiré, très agréable.

En attendant le dernier ouvrage de cette troisième saison (Sept macchabées), c'est assurément jeu, «sept» et match pour ce nouvel opus, au scénario comme au dessin.

Moyenne des chroniqueurs
7.0