A SUPPRIMER 2. Isadora

1899. Isadora Duncan arrive à Londres. Un esprit libre, du caractère, du charisme ; en plus, elle est mignonne. Ce ne sera pas très long avant que celle qui logeait dans des appartements minables triomphe dans les plus prestigieuses salles du monde. Son parcours sera ponctué de rencontres : Auguste Rodin (qui lui fait découvrir les tourments du corps), Camille St-Saëns, Constantin Stanislavski, sans oublier la chorégraphe Loïe Fuller. Cette dernière, reconnue pour son intransigeance, accepte que la jeune autodidacte présente, seule et sans costume, un spectacle improvisé. C’est le départ d’une carrière fulgurante.

Ce livre est la suite d’Il était une fois dans l’Est, lequel s’est essentiellement attardé à la vie de la danseuse alors qu’elle était bien établie, notamment à sa relation tumultueuse avec le poète Serge Essenine. Isadora se concentre pour sa part sur les premières années et fait ainsi figure d’antépisode. Dans cette bande dessinée tournoyante, chacun des chapitres est constitué comme un acte. L’artiste passe, virevolte et s’enfuit. Un rythme qui évoque autant sa prestation sur scène que sa bohème. Le lecteur comprend cependant mal pourquoi la scénariste Julie Birmant fait abruptement une glissade de deux décennies. Le récit renoue alors avec l’époque abordée dans le tome précédent. Le déplacement occulte une période pourtant riche en événements : naissance et décès tragique de ses deux enfants (le drame est rapidement rappelé dans le chapitre initial), amitié avec Rodin, gloire parisienne, etc.

Au dessin, Clément Oubrerie est de toute évidence porté par le sujet et ses illustrations sont exceptionnelles. Son trait semi-réaliste sert particulièrement bien la représentation des arts. Au premier chef la danse, mais également les œuvres du British Museum et les sculptures de Rodin. Son coup de pinceau est par ailleurs très habilement rehaussé par une mise en couleur à l’aquarelle, principalement dans des tons de marron et de rouge.

Pour conclure, signalons une grosse déception éditoriale. Changer la maquette d’une série, c’est mal. Surtout si elle ne compte que deux opus et que leur publication est rapprochée. Ceci dit, le format s’est agrandi et ça fait plaisir car les cases étaient un peu à l’étroit.

Les auteurs sont inspirés par leur muse. Ils lui ont chorégraphié un magnifique album.

Moyenne des chroniqueurs
8.0