Automne Rouge 1. Automne Rouge

A utomne 1970, le Front de libération du Québec pose des bombes et les conflits de travail sont musclés. C’est dans ce cadre que monsieur Lemelin demande à ses élèves de créer un super-héros québécois. Laurent (du nom du fleuve qui traverse la province) pensera tout d’abord à Hydroman, mais Jason, dont il est le souffre-douleur, lui vole son projet. Il songe ensuite à un personnage amérindien, lequel défendrait les aborigènes spoliés de leurs terres. Parallèlement, il découvre qu’on lui a caché la vérité sur ses origines.

Cette saison dans la vie du garçon est en quelque sorte la mise en abîme d’une structure sociale en crise d’adolescence. Dans ces temps de perturbations, c’est tout l’univers du jeune homme qui semble vouloir basculer. Sa mère risque d’être licenciée, sa tante, une hippie, croule sous les dettes de drogue, son amant est tabassé par des criminels, un meurtre est commis… Le scénariste, qui est un vieux routier de la bande dessinée, ratisse très large avec ce récit qui part dans de nombreuses directions. Cela dit, tout se tient, mais certains épisodes pourraient probablement être supprimés sans pour cela briser la cohérence de l’ensemble.

Aux pinceaux, Richard Vallerand propose un dessin caricatural simple, mais efficace. Son œuvre, toute en demi-teintes, est ponctuée de segments tirés des cahiers du héros. Les croquis du protagoniste sont repris dans le texte principal tels qu’ils apparaissent dans les carnets. Lorsqu’ils interviennent dans l’histoire, les démiurges commandés par son professeur sont donc une ombre blanche à rayures, ce qui constitue une assez jolie trouvaille. Le découpage des planches est audacieux, parfois complexe, mais toujours lisible.

Un ambitieux portrait d’une famille et d’un monde sous tension. Celui qui n’a pas une connaissance suffisante de la société québécoise pourrait cependant y perdre son joual.

Moyenne des chroniqueurs
6.0