Une sœur

P our Antoine et Titi les vacances s’écoulaient, paisibles, en famille. Un été à dessiner des Pokémons et à aller taquiner les crabes à marée basse. Et puis un matin, elle était là…

Bastien Vives à l’art et la manière de conter les choses simplement. Par ses cadrages appropriés et son trait minimaliste, il sait éveiller un sentiment ou libérer une émotion avec une facilité déconcertante. Jouant d’un graphisme à la limite de l’épure et d’un encrage qui ferait frémir Hermann Rorschach, il impose cette histoire où il suggère davantage qu’il ne montre.

Une sœur est un album ambigu lorsque Bastien Vives en parle. Cependant, à la lecture, il en est autrement. Une enfance idéalisée, une Bretagne estivale qui l’est tout autant et une initiatrice de trois ans votre aînée, belle à vous faire oublier vos treize ans ! Le rapport qui s’établit alors entre les deux adolescents est un subtil mélange de connivence fraternelle et de passion à se découvrir. Tel un funambule sur son fil, l’auteur de Polina maintient le délicat équilibre qui lui permet de toujours rester dans un registre spontané, dépourvu de réelles pensées libidineuses qui auraient été hors de propos. Avec plus d’aisance que le pauvre Antoine qui s’évertue à faire le portrait de sa belle d’Hélène comme pour mieux immortaliser la fugacité des instants qu’elle lui offre, Bastien Vives donne à la banalité d’une amourette d’été des airs de romance que d’aucuns qualifient de rohmérienne !

Porté par un dessin qui va directement à l’essentiel, Une sœur trahit une vision romancée des jours passés qui n’est pas exempte de quelques ambigüités propres à une transgression fantasmée et, qui sait, au plaisir un rien narcissique à se raconter.