Geisha, ou le jeu du shamisen 1. Première partie

A u début du XXe siècle, il n’y a pas d’avenir pour les samouraïs comme Katsuiro, surtout s’ils sont vieillissants et portés sur la bouteille. Désirant sortir de sa misère, il migre vers la ville avec sa famille, mais la vie n’y est pas plus rose. Dans une ultime tentative pour tirer son épingle du jeu, il vend Setsuko, son aînée âgée de huit ans, à une okiya où elle sera formée pour devenir geisha. Si elle échoue, les options sont restreintes : prostituée ou servante. La fillette n’étant pas très jolie et peu douée pour le chant et la danse, sa carrière de courtisane est loin d’être assurée, jusqu’à ce qu’on reconnaisse son don pour le shamisen, un instrument de musique à trois cordes.

Le personnage central est attachant. À travers son expérience, le lecteur découvre l’envers du décor d’un univers déjà mystérieux. Un monde finalement assez complexe où se côtoient maquerelle, dames de compagnie, apprenties, boniches et putains. Le côté documentaire de l’entreprise prend d’ailleurs le pas sur l’histoire de l’héroïne. Le scénariste Christian Perrissin a de toute évidence réalisé une vaste recherche avant d’écrire ce livre qui semble avoir pour objectif de rétablir certains faits déformés par militaires américains au retour de la guerre. Ce premier tome lui ayant permis de bien planter le décor, il est à souhaiter que la deuxième partie se concentre sur le destin de la musicienne.

Le dessin de Christian Durieux est à l’avenant. Les illustrations sont pour la plupart très belles ; les jeunes femmes et les cerisiers en fleurs sont magnifiques. L’artiste a fait le choix du noir et blanc. Une mise en couleur, par exemple à l’aquarelle, aurait pu rendre l’ensemble exceptionnel. Les auteurs admettent avoir cherché à pasticher l’esthétique du cinéma nippon des années 1930, le bédéphile a pour sa part l’étrange impression qu’à l’occasion, des photos ont été redessinées.

Comme à l’habitude Futuropolis réalise un excellent travail d’édition ; papier de qualité, reproduction impeccable et même une bibliographie en fin d’album.

Un reportage un tantinet académique mais néanmoins intéressant sur le milieu des geishas.


Moyenne des chroniqueurs
7.0