No Body 2. Épisode 2/4 Rouler avec le diable

D errière les barreaux et attendant de pied ferme son verdict, il patiente, mais accepte toujours de collaborer avec la docteur Brennan. Oui, il est coupable, de tout et même plus. Enfin, c’est lui qui l’affirme et, selon le FBI, on ne devrait pas prendre à la lettre tout ce qu’il raconte. N’a-t-il pas violemment massacré son propre coéquipier ?

Calibré à la façon d’une série télé comme son intitulé – saison, épisode – le suggère, Rouler avec le diable reprend là où Soldat inconnu s’était achevé. Entre quatre yeux, il explique comment il est devenu une ombre en intégrant une unité spéciale d’infiltration de la police fédérale. Pendant des années, il a joué des rôles pour coincer les malfaisants : dealer, receleur et, c’était une des cibles prioritaires, motard. Faire semblant, agir continuellement sur le fil du rasoir, mentir, trahir, voire bien pire, il est devenu un as de la dissimulation aux ordres de chefs aux objectifs pas toujours très avouables. Le Bien et le Mal sont des notions plus que fluctuantes quand on s’approche trop près de la lumière. Chritian De Metter a minutieusement révisé ses gammes et son scénario, tiré au cordeau, prend le lecteur à la gorge. Tant la progression dramatique que le devenir des protagonistes sont finement exposés, d’une manière parfois attendue, mais invariablement juste.

Une bonne partie de la réussite de cette entreprise vient de l’ambiance glauque à souhait que le dessinateur a su insuffler à sa narration. Même en pleine chevauchée sauvage sur une route ensoleillée du Midwest, l’atmosphère est lourde, grise. La ballade se passe à l’ombre, dans les recoins les moins ragoûtants de la société. Le trait « sur-travaillé » – le crayonné hésitant perce souvent un encrage volontairement esquissé – donne de la chair à ces personnages en dérive et les couleurs, plus étalées que posées, font ressortir les cicatrices encore fraîches laissées par l’aiguille du tatoueur. Le résultat est frissonnant de réalisme.

Thriller sans concession où chaque regard compte, Nobody se repose peut-être trop sur des stéréotypes du genre, mais il le fait avec une telle efficacité et un tel aplomb qu’il convainc totalement. Vite, le prochain épisode !