Viking - Un long feu de glace

Q uelque part dans le Nord, au bord de la mer, un drakkar mouille tout près. Le campement des contre-maîtres est bercé par les plaintes de Hrolf et les moqueries de ses camarades. Plus pour longtemps... Bientôt Egil et Finn, des frères, vont débarquer par surprise et les exterminer. Pillards, chasseurs, meurtriers, ils sont un peu tout cela à la fois et bien plus encore. Mais jusqu'où les emmènera leur soif de violence et de sang ?

Glénat publie ici un des premiers travaux du duo du comics Drifter (au catalogue de sa collection Glénat comics). Initialement publiée chez l'éditeur Image Comics, en 2009, cette série n'a connu que cinq épisodes regroupés ici dans un format quelque peu agrandi.

L'histoire imaginée par Ivan Brandon avait tout pour appâter le chaland tant les ingrédients s'annoncent alléchants : Vikings, combats, roi, kidnapping, etc. Encore faut-il savoir doser tout cela sans le rendre indigeste. Hélas, dès les premières planches, il s'avère évident que le scénariste (débutant à l'époque) cherche artificiellement à créer une ambiance sombre et mystérieuse. Le but n'apparaît pas clairement et le temps qu'il aurait fallu passer à découvrir les protagonistes et leurs caractères est utilisé pour comprendre une narration par trop décousue. L'immersion s'en ressent et comme les deux guerriers principaux sont loin de provoquer l'empathie, l'intérêt tarde à décoller. Cela s'améliore nettement avec l'entrée en scène d'Orm et sa proposition qui permet de recentrer l'intrigue. Privilégiant une construction alambiquée qui alourdit le rythme et désoriente, l'auteur néglige des personnages aux potentiels intéressants (le roi et sa fille, Gylfi) et de bonnes idées qui auraient mérité plus de développement.

Son complice, prenant en charge le dessin et les couleurs, ne s'en sort pas forcément mieux, malgré d’apparentes aptitudes. Lui aussi semble avoir versé dans l'excès pour épater au lieu de se limiter aux effets utiles pour simplement raconter. De plus, certains choix de colorisation et de morphologie ne permettent pas toujours de distinguer qui est qui. Ajoutez quelques doubles pages dont le découpage n'apparaît pas limpide, et il devient manifeste que le dessin aussi souffre du même manque de lisibilité. Là encore, la frustration est au rendez-vous tant le talent et le style saisissent sur certaines planches.

Viking souligne les qualités de Nic Klein et Ivan Brandon autant qu'elle en pointe les défauts de jeunesse. À trop vouloir complexifier son propos, le risque de le noyer sous de nombreux effets inutiles et de prendre en impact est grand. Sauf à vouloir mesurer les progrès accomplis, autant se pencher sur des œuvres plus récentes, pour découvrir et apprécier pleinement leur travail de ces jeunes créateurs au style particulier et audacieux.

Moyenne des chroniqueurs
4.0