Michigan, sur la route d'une War Bride Michigan, sur la route d'une War…

Q uel lien entre Detroit, disons plutôt Linden, et Paris ? Pour Maud, il est familial, elle dont les siens sont de part et d’autre de l’Atlantique à cause d’Odette, sa grand-tante, qui en 1945 a émigré aux States comme 200.000 autres War brides.

Michigan est l’occasion d’une double découverte. D’abord celle de ces femmes qui - au sortir de la dernière guerre - ont épousé un G.I et s’en sont allées aux États-Unis. Si ceci peut paraître aujourd’hui anecdotique, ce fut un véritable phénomène de société il y a plus de soixante-dix-ans de cela. D’ailleurs, les anciens Senonchois ou Castelroussins se souviennent encore avec nostalgie des Lucky Strike, des grosses Buick et du Coca-Cola qui coulait à flot aux abords des bases de l'US Army. Et que dire de ces femmes qui croyant autant à l’amour qu’en un avenir meilleur au-delà d’un océan qui n’était qu’un nom sur une carte, laissèrent tout et tous derrière elles pour embarquer sur le Vulcania ? Et, puis, il y a cette Amérique, pas celle de la Silicon Valley, ni de Manhattan, mais celle du Midwest ravagé par la désindustrialisation et les surprimes. Cette Amérique, qui aime le base-ball, les armes et la bière et où il faut avoir deux jobs pour survivre !

Évitant la confrontation des clichés et les lieux-communs, Julien Frey et Lucas Varela entraînent le lecteur dans ce qui était le rêve américain et qui prend à notre époque des allures de déroute, du moins pour ceux qui n’ont pas pu prendre le bon train. Reste une histoire pleine de nostalgie et de tendresse pour cette tante d’Amérique.

Moyenne des chroniqueurs
6.5