Macanudo 6. N°6

L ire un gag de Macanudo, c’est un peu comme piocher un chocolat dans une boîte. On ne sait jamais ce qu’on va y trouver. Qui sera le protagoniste : les lutins aux chapeaux colorés, le mystérieux homme en noir, le robot, le chat Fellini, Picasso, la fillette, les olives vertes ? À moins que ce soit l’auteur lui-même, représenté en lapin.

Dans cet univers, il y a la poésie et le surréalisme de Fred et de F’Murr, mais également des influences de Quino et de Schultz lorsque le propos est philosophique ou engagé. Mais, contrairement à ces derniers qui animent un petit groupe d'acteurs en interactions, ceux de Liniers ne se croisent pas. La cohérence de la série est ailleurs ; elle repose sur une rigoureuse unité de ton.

Lorsqu’il voit cet ouvrage en librairie, le badaud croirait qu’il s’agit d’un livre pour enfants. Le dessin est joyeux, les couleurs vives et les personnages enfantins. Mais s’il y regarde de plus près, il découvrira un humour au second degré et des éléments de critique sociale qui échappent aux plus jeunes. Au hasard des pages, il est par exemple question d’Environnement, d’inégalités sociales ou encore de l’absurdité des égos-portraits.

Enfin, l’objet est de belle facture. Le format carré accueille trois bandes disposées pour que la planche soit aérée. Avec son dos rond et sa couverture jaunie, il a un air vieillot plutôt sympathique. Bref, l’éditeur a soigné son travail.

Ces saynètes sont publiées une à une dans le quotidien sud-américain La Nacion. Le recueil en compilant plus d’une centaine, il serait tentant d’être glouton et de les dévorer, mais seul l’amateur qui saura les goûter avec modération en appréciera toutes les saveurs.

Moyenne des chroniqueurs
7.0