Wayward 1. Un nouveau départ

D ébarquer à Tokyo lorsque l'on est une adolescente qui a la chance de parler japonais, c'est déjà fun. Si en plus, c'est pour vivre avec sa mère, repartie là-bas depuis quelques années, en laissant son père en Irlande, c'est encore mieux. Mais, cerise sur la gâteau, si l'on se découvre certains dons, disons... hors du commun, cela devient carrément délirant ! Bienvenue à Tokyo, Rori !

Steven Cummings est en territoire connu - il vit en famille à Yokohama, en proche banlieue de la capitale - et cela se ressent. Il apporte un soin particulier à brosser un Tokyo moderne, bien éloigné des clichés habituellement véhiculés dans les sociétés occidentales. Très précis, autant sur les lieux que l'ambiance de la ville, il dresse un décor oppressant, à la densité folle et toujours en éveil où la modernité côtoie les quartiers anciens. Les petites ruelles - et les petits espaces en général - sont un terrain de jeu idéal que son talent exploite à merveille pour plonger au plus près de cette fourmilière mystérieuse. Sa prestation est d'ailleurs plus convaincante sur ces éléments réalistes que sur les composantes surnaturelles certes bien réalisées mais pas vraiment originales. Car son compère, Jim Zub, a concocté une histoire où l'imaginaire à une forte part, la mythologie et les contes venant frapper à la porte de ce présent.

Le scénariste centre donc son intrigue sur la jeune Rori, plus heureuse de quitter son père que de retrouver sa mère. Découvrir une nouvelle culture tout en affrontant les changements d'une adolescente de son âge loin de son paternel aurait pu lui suffire mais l'auteur de Pathfinder ne tenait pas seulement à aborder ce type de sujet. Il introduit une dimension fantastique en utilisant la thématique des Yōkai et dote son héroïne de « capacités » particulières. Ce choix peut déstabiliser : d'un traitement réaliste, l'histoire prend un chemin plus surprenant au gré des rencontres et des découvertes de la jeune femme sans que cela semble l'étonner plus que cela. S'il n'est guère plausible, ce changement est malgré tout bien amené grâce à une narration étudiée. Ses personnages secondaires intéressants viennent compléter le tableau et ouvrir plusieurs pistes prometteuses.

Un nouveau départ oscille entre un cadre réaliste et des enjeux fantastiques mais garde encore une part de mystère. Difficile de crier au génie ou à l'arnaque tant les auteurs tardent à dévoiler leurs intentions et bien malin celui qui verra le lien avec la « Rebelle » qui donne son nom à la série. Mais au final, n'est-ce pas la vocation d'un premier tome, donner envie d'en savoir plus ?

Moyenne des chroniqueurs
6.0