Breizh - Histoire de la Bretagne 1. Le Peuple indomptable

A h, ces irréductibles Bretons! Ce peuple fait partie de ceux qui ont opposé une farouche résistance aux Romains. Entre le moment où Jules César engage la conquête de la Gaule et le retrait de ses troupes, les conflits, les trahisons et les tentatives d'intégrations se sont succédé. Rome a fait preuve d'ardeur pour prendre le contrôle de ces terres, sans y parvenir de façon flagrante et définitive. La vaillance de certains est gravée dans les mémoires ; citons Boudicca, la reine des Icènes, Ambrosius, le Roi des Bretons qui combattit sur le continent contre les Huns, Maxence, un général au titre d'empereur et bien sûr, Arthur et sa légende.

Après une courte introduction sur les druides, les auteurs rentrent dans le vif du sujet, et il est copieux : "restituer aux Bretons leur Histoire", vue de l'intérieur. Thierry Jigourel (Les druides), spécialiste de la culture celtique, affiche une féroce ambition dans ce premier tome qui remonte aux origines Outre-Manche. Nicolas Jarry, à la scénarisation, utilise une voix off qui relate les faits, entrecoupés de scènes de vie qui rythment le récit. Et c'est la où le bât blesse. La passion et l'envie de la partager sont évidentes mais le lecteur, qui voulait s'instruire agréablement, se retrouve vite submergé d'informations de toutes parts : les nombreuses peuplades (une trentaine), les chefs des diverses parties, les zones géographiques aux noms anciens...Ajoutez à cela une carte, des notes en bas de page (jusqu'à cinq astérisques !) et en fin de volume, l'absence de frise chronologique. Au final, la lecture, faite d'allers-retours pour piocher des éclaircissements, vire rébarbative et compliquée. La présentation des quelques figures prépondérantes est déséquilibrée ; certaines, qui n'occupent que deux ou trois planches, ne se trouvent qu'esquissées.

Le dessin de Daniel Brecht est classique. Plus habitué au genre du western (L'or de Morrisson, Death mountains), son style plutôt "libre" s'accorde moins bien de ce registre où rigueur et précision tatillonne sont en général de mise. Les visages semblent approximatifs, les costumes manquent de détails et les décors de variété. La monotonie s'installe. Les couleurs de Erwan Seure Le Bihan, agréables, sauvent du naufrage, tandis que la superbe couverture laissait présager d'un autre style. Le découpage, essentiellement des cases allongées et de petite taille ne met pas en valeur les panoramas et prive la narration de souffle épique.

Prévue en cinq tomes, cette série ne s'annonce pas plus divertissante qu'un ouvrage scolaire. C'est vraiment dommage car la quantité et la qualité du travail de recherche n'est absolument pas en cause. N'est pas troubadour qui veut.

Moyenne des chroniqueurs
5.0