Natures mortes

M ar est une muse qui s’amuse des artistes qu’elle ensorcelle et des amants d’un soir qu’elle oublie. Disparue sans explication, elle hante désormais Vidal, le dernier à l’avoir peinte et aimée…

À travers le souvenir d’inachevé laissé par un peintre fantomatique, Zidrou livre un album à la croisée des chemins, récit oscillant entre histoire d’amour, fable fantastique et biographie fictive, autant de fils narratifs habilement entrelacés en une fiction atypique et touchante.

Si la couleur apparaît trop souvent comme le parent pauvre de la bande dessinée, pour Oriol Hernández Sánchez, elle constitue l’essence même de son art, seule à même de donner son expressivité à un visage ou sa profondeur à un décor. Ainsi, le jeune dessinateur espagnol se joue des représentations pour non seulement décrire le monde avec ses pinceaux, mais également avec ceux des autres comme en témoignent les nombreuses allusions aux grands maîtres de La Colla del Safrà ou de ceux qu’ils inspirèrent.

Pour le plus grand plaisir des sens, Natures Mortes bénéficie d’une couverture qui cultive l’analogie à la toile. Mais ce qui est donné d’un côté est repris de l’autre et le recours singulier à un papier (trop) glacé enlève toute matière à une mise en couleurs directe aux belles tonalités.

Parallèle sur les vertus des 3e et 9e Art, Natures mortes dépeint le transfert émotionnel qui s’opère grâce à l’alchimique mélange de colorant et d’huile appliqué avec passion. Superbe.