Mars Horizon

Mars Horizon inaugure Octopus, la collection savante des éditions Delcourt. Après Sociorama, La petite bédéthèque des savoirs et une brochette de séries historiques « sérieuses » (Les grandes batailles navales, Champs d’honneur, etc.), jamais il aura été aussi facile pour les bédéphiles d’accéder à la Culture et aux connaissances ! Youpie et eurêka. Avant de s’occuper de sujets plus terre-à-terre comme le sexe, les amputations ou la philosophie, Boulet et Marion Amirganian ont envoyé Florence Porcel et Erwann Surcouf dans le système solaire, sur la Planète Rouge plus précisément.

L’idée centrale de l’album est de présenter ce que pourrait ressembler la première mission martienne habitée, en fonction des connaissances actuelles. Entre anticipation à la Jules Vernes et vulgarisation scientifique, Florence Porcel réalise un impressionnant travail de synthèse et de pédagogie. Les aventures que rencontrent son quartet de marsonautes - comme ils se surnomment eux-mêmes - s’avèrent simples (un bris mécanique mineur, par exemple), mais dramatiques vu l'isolement et le côté expérimental de l’expédition. Une emphase particulière est également mise sur l'indispensable préparation et l’entraînement qu’a nécessité cette prouesse spatiale. La scénariste n’en oublie pas côté humain et le choc psychologique qu’entraîne une telle épopée. Ces femmes et ces hommes, en foulant cette terre désolée, sont changés à jamais. Pour leur propre sécurité, ces flots d'émotion se doivent d’être contrôlées au plus juste. Encore plus au fin fond du cosmos, la réussite d’un tel voyage tient autant au bon moral des troupes qu'à la précision des équations mathématiques.

Nettement moins convaincants, les dessins de Surcouf peinent à retranscrire le gigantisme de cette entreprise. Le trait est pauvre et souvent emprunté. À sa décharge, les textes explicatifs (des faits et toujours plus de précisions) se montrent passablement envahissants. Par contre, alors que l’équipage est en train de vivre des instants incroyables dans un décor extraordinaire, aucune émotion n’est vraiment perceptible. Le résultat est néanmoins très lisible et, globalement, le message passe, mais quel manque d’audace dans le découpage et les compositions graphiques ! Cette faiblesse de la mise en image se révèle particulièrement malheureuse au regard de l’ambition documentaire détaillée de l’ouvrage.

S’il évite la majorité des pièges mélodramatiques purement hollywoodiens de The Martian, Mars Horizon ne provoque au final que peu d’étincelles.

Moyenne des chroniqueurs
6.0