Momo 1. Tome 1

M omo - oui c'est un curieux prénom - est une fillette de six ans qui vit dans un petit village, en bord de mer, avec sa mamie. En attendant impatiemment le retour de son père, elle met à rude épreuve la patience de sa grand-mère, un peu débordée par l'énergie de la gamine. Crises de rire ou de larmes, aventures et bêtises mais aussi de drôles de rencontres sont au menu de vacances d'été bien remplies !

Rony Hotin, habitué de l'animation (il a été récompensé pour Le vagabond de Saint Marcel), prend sa palette pour dessiner son premier album. Son trait atypique ne se limite pas à cette influence ; le manga et notamment Ponyo sur la falaise d'Hayao Miyazaki pour le personnage de Momo ou la scène franco-belge actuelle (Bastien Vivès en premier lieu mais aussi le Biguden de Stan Silas), transpirent de ses dessins. L'ensemble donne un style tout en rondeur, léger et délicat accentué par des contours souvent esquissés. Un découpage varié, passant de quatre strips à douze vignettes et inversement, ainsi que des cadrages judicieux permettent au jeune auteur de travailler l'expressivité de ses personnages tout en jouant sur le rythme de l'histoire.

L'histoire justement, est l'œuvre de Jonathan Garnier qui délaisse quelque peu son métier d'éditeur chez Ankama pour passer de l'autre côté (il avait déjà créé une histoire pour Doggybags). S'il distille peu d'informations sur son héroïne, notamment les raisons de l'absence de ses parents, le scénariste parvient rapidement à la rendre attachante. Malgré les questions soulevées par certaines situations - l'enfant est souvent livrée à elle-même au beau milieu du village - son périple se suit avec plaisir et un doux parfum de nostalgie exhale en même temps qu'elle enchaîne les rencontres hautes en couleurs. Les séquences s'enchaînent avec fluidité, pleines d'humour autant dans la forme que dans le verbe, les diverses situations gagnent aussi en crédibilité via des dialogues modernes et justes. Mais l'auteur va au-delà du simple clin d'œil à l'enfance avec un final qui laisse le lecteur dans l'expectative. Enfin, l'idée du petit journal d'un des personnages en fin d'album, comme un bonus, est à noter : en plus de prolonger agréablement la lecture, il ajoute de la matière à l'intrigue.

Entre nostalgie et rire, Momo porte un vent de fraîcheur qui embrume les yeux et fait sourire le cœur. Une histoire pétillante, à la saveur d'un bonbon dont les dernières planches aiguisent l'envie et l'impatience.

Moyenne des chroniqueurs
7.3