Sous les bombes sans la guerre

U n auteur de bandes dessinées vient de perdre son père. Sous le choc et en panne d’inspiration, il entame un projet dans lequel il convoque Pif, Placid et Muzo. L’album se veut une réflexion, passablement hermétique, sur la mort. Ne s’y trouve pratiquement pas de texte, sinon au dos de la jaquette et sur la quatrième de couverture. Ce sont probablement les clés, ou à tout le moins des pistes de compréhension, de ce livre.

Graphiquement, Sous les bombes sans la guerre prend la forme d’un mélange de cases et de peintures. Le ton est noir, souvent violent. Au fil des pages, le bédéphile a moins l’impression de lire une bande dessinée que de découvrir le catalogue d’une exposition d’art moderne. Certaines toiles sont séduisantes, d’autres déstabilisantes. Une chose est certaine, l’ouvrage peut difficilement être décrypté, analysé et commenté comme un album ordinaire.

Mentionnons enfin le soin apporté à l’objet. De grande taille (24 centimètres sur 33 centimètres), le livre est imprimé sur un papier très épais ; il est couvert d’une jaquette découpée (profil des personnages et phylactère) qui est partie intégrante de l’expérience de lecture, laquelle se poursuit jusqu’au verso.

Un album atypique et audacieux. La démarche de déconstruction n’est pas inintéressante, elle a cependant ses limites puisque tôt ou tard il faudra se poser la question : est-ce toujours de la bande dessinée ?

Moyenne des chroniqueurs
6.0