Chronosquad 2. Destination révolution, dernier…

B loch ne s'attendait certainement pas à vivre un tel baptême du feu. Sa première mission ressemble à s'y méprendre à un fiasco. En effet, son passage en Égypte, période IVème Dynastie, a mal tourné : blessé, il se retrouve séparé de Beylogu, son équipier, après une fusillade avec des marchands d'esclaves venant, eux aussi, vraisemblablement d'une autre époque. De son côté, Penn gère tant bien que mal sa « situation » et sa relation avec Léonard, tout en essayant de mener à bien son affaire de meurtre et disparition au Paléolithique. Pour Korais, le chef des Chronosquad, les problèmes de son équipe ne font que commencer.

Coup de cœur des lecteurs et des professionnels à sa sortie, début octobre 2016, Lune de miel à l'âge du Bronze signait la naissance d'une série atypique : quatre tomes à grosse pagination (plus de 220 pages) pour une histoire folle mêlant voyages temporels, camps de vacances et humour. À peine trois mois après cette arrivée en fanfare, Destination révolution, dernier rappel, le deuxième opus, débarque dans les librairies et transforme l'essai.

Le travail de Grégory Panaccione est une nouvelle fois convaincant. Axés sur le dynamisme, son découpage efficace et son trait vif tendance « gros nez » collent au rythme enlevé du récit tandis que les différentes lignes narratives lui offrent l'occasion de varier les paysages - montagnes enneigées, plages ensoleillées, marais boueux - tout autant que les teintes, toujours étudiées. Pour compléter sa prestation, le dessinateur dote à nouveau ses personnages, simplement croisés, récurrents ou même célèbres, de sacrés trognes et de mimiques qui invitent au second degré et dédramatisent le ton général.

Car Giorgio Albertini modifie son angle en allégeant le ton comique. Moins parodique, plus sombre, sa trame s'éloigne du registre de départ tout en se densifiant. Les forces en présence sont clairement identifiées et les véritables motivations ainsi que les dangers sont dévoilés. Ce qui ressemblait à un enchaînement de gags sur la base d'une fugue adolescente se mue alors en marché noir avec enjeux financiers propre à faire dégainer les armes. Cette orientation quelque peu surprenante n'en est pas moins judicieuse et prouve que les auteurs ont une idée précise de l'orientation qu'ils envisagent pour la seconde moitié de leur série. Par la même, le scénariste répond aux (peu nombreuses) critiques qui voyaient dans Chronosquad un simple « Valerian version Pierre Richard au Club Med ». Le résultat est immédiat : l'intérêt ne faiblit pas tandis que l'action, l'humour et l'aventure sont encore au rendez-vous.

Tandis que la forme diffère légèrement et que le fond prend de l'épaisseur, le plaisir, lui, est toujours le même. Un album au moins aussi bon que le précédent et qui ouvre des possibilités qu'il tardera à chaque lecteur de découvrir. En route pour le passé, ou le futur, ou...

Lire la chronique du tome 1 par S. Salin

Moyenne des chroniqueurs
6.4