World War Wolves 3. De griffes et de crocs

J ohn Marshall peine à trouver sa place dans cette nouvelle société où ses talents de romancier semblent bien inutiles pour protéger sa famille. Pour l’instant, ce qui le préoccupe, c’est l'introduction d’un loup-garou dans l’îlot de paix que représente Las Cruces. Il croit savoir qui est le monstre et il a bien l’intention de l’attraper. Jeremy et Sarah ont été rejoints par Angela. Les sens développés du musicien aveugle sont troublés : en dépit d’un ressenti général plaisant, quelque chose – peut-être l’étrange parfum qu’il ne parvient pas à identifier – l’inquiète. À New York, Malcom Spolding et les autres évadés de Rickers Island cherchent à fuir la cité. Mais Raven, le chef des Lycanthropes, n’est pas mort et il semble bien décidé à régler ses comptes.

World War Wolves, c’est, de prime abord, un « survival » somme toute classique avec son lot de créatures et de victimes se retrouvant dans un environnement social qui a complètement éclaté, exacerbant les rapports humains qui doivent être redéfinis en fonction du danger. Les positions sociales changent au gré des nouvelles aptitudes nécessaires pour faire face à la menace. L’exercice peut vite devenir « bourrin », mais il évolue vers le délice lorsque les auteurs se révèlent capables de s’intéresser aux êtres tout en fournissant la dose de tension et d’adrénaline recherchée par les amateurs de ce genre.

Jean-Luc Istin est parvenu à atteindre ce délicat équilibre. Certes, la violence et l’horreur sont bien là, cependant, le scénariste n’en abuse pas, préférant se concentrer sur les personnages centraux. Ainsi John qui doit renouer des relations avec sa femme et ses enfants et s’intégrer pleinement dans la nouvelle donne de ce monde ravagé. Le couple étonnant formé par le guitariste non-voyant et la petite orpheline dont la relation adroitement construite – les rendant attachants – est perturbée par l’arrivée d’une tierce personne qui était à leur recherche. Enfin, Malcom, le lâche de service, qui a trouvé la volonté de forcer son destin et qui peine encore à conserver cette récente estime de soi.

Si la tentative d’évasion de « Big Apple » tire quelque peu en longueur, il n’en demeure pas moins que l’histoire ne ronronne pas. L’alternance entre les trois arcs narratifs offre une sensation de rythme maintenant le lecteur en éveil. De plus, l’auteur commence à faire bouger ses pions, introduisant une louve bien différente de ses semblables rencontrés jusqu’alors, dessinant l’espoir d’une solution pour sauver l’humanité et d’une explication sur les origines du mal qui terrasse progressivement tout le continent américain.

Le remplacement au dessin de Kyko Duarte par Zivorad Radivojević ne nuit pas au plaisir. Tout en affirmant son propre style, ce dernier se glisse dans les pas de son prédécesseur, livrant des planches où émotions et atmosphère sont bien mises en valeur. Son trait est sans doute moins énergique, moins « jeté » que celui de l’artiste espagnol, mais il gagne en précision tant pour les décors que pour la caractérisation des protagonistes.

Jusqu’ici, c’est un sans-faute.

Moyenne des chroniqueurs
6.7