Vértigo

D ans les rues de Guatemala city, l’espérance de vie est des plus courtes, même pour les membres des Maras qui règnent sans partage sur les différents quartiers, réglant leur compte dans des bains de sang. Il y a quelques années, Samuel Santos s’en est extrait par miracle, mais c’est pour mieux y replonger aujourd’hui.

Après une incartade dans le long Hyver de 1709, Nathalie Sergeef revient en Amérique centrale avec Vértigo.

La scénariste belge, comme sur Juarez, adopte un propos dense où les héros traînent leurs blessures avec l’espoir qu’elles les aideront à devenir meilleurs. Sur le thème de la rédemption et de la violence qui mine tout un continent, elle relate une histoire pleine de suspens tout en s’attachant à la profondeur de ses personnages. En cela ce nouvel album - en attendant Rançon d'état - satisfera les amateurs exigeants d’une écriture qui prend soin d’éviter toute linéarité sans pour autant se perdre en flashbacks hors de propos. Paradoxalement, une telle efficacité ne se retrouve que partiellement dans le trait d’Ennio Bufi qui, malgré son réalisme, manque cette fois-ci curieusement de constance et crée ainsi une relative confusion dans la compréhension du récit.

Servi par une narration intense et prenante, Vértigo retrace la vie de ces gamins dont l’identité est tatouée à même la peau et pour qui la vie des autres n’a pas plus d’importance que leur propre mort.

Moyenne des chroniqueurs
5.3