L'iliade (Taranzano/Bruneau) 1. La pomme de discorde

LIliade. Vous savez, cette épopée grecque antique qui raconte la guerre de Troie (jusqu’à la mort d’Hector, la construction du fameux cheval et la prise de la ville faisant partie de l’Odyssée). Achille, Ménélas, Agamemnon, Priam, Pâris, Hélène, …, voici des noms qui risquent d’évoquer quelque chose. Six journées et nuits de conflit, voilà ce que l’aède Homère a conté et ce que les auteurs vont adapter en bande dessinée. Alors, pourquoi reprendre une histoire que tout le monde connaît, du moins le croit-on ?

Luc Ferry, qui chapeaute la collection, indique vouloir donner un nouveau souffle aux grands épisodes de la mythologie grecque par le biais du neuvième art, les rendre accessibles à tous, tout en en révélant l’apport philosophique. Il est bien sûr trop tôt pour savoir si ce louable objectif est atteint, cette première déclinaison étant prévue en trois tomes. Toutefois, si l’intérêt pour ceux qui connaissent le récit d’Homère sur le bout des doigts n’est pas certain, ceux qui n’ont jamais lu l’œuvre originelle, ou qui ne la connaissent qu’à travers diverses adaptations plus ou moins fidèles, pourraient bien y trouver leur compte.

En effet, Clotilde Bruneau ne se contente pas de livrer une énième variation de la saga guerrière. Le scénario s’attache à mettre en avant le rôle des Dieux dans ce conflit, tant au niveau de ses origines que sur son déroulement. Les habitants de l’Olympe avec leurs chamailleries et leur intransigeance toutes humaines sont au cœur des événements et ce sont les mortels, simples otages des joutes divines, qui en font les frais. Évidemment, qui dit respect des textes dit classicisme et absence de suspense, l’épopée étant quand même largement connue. Cependant, les séquences s’enchaînent facilement et il est finalement aisé de (re)plonger dans ce mythe universel et de se laisser porter par la fluidité de la narration et le rythme assez élevé, la scénariste ne s’embarrassant pas d’éléments trop complexes.

Sous la direction artistique (création de l’univers graphique et des story-boards ainsi que supervision des différents crayonnés pour maintenir une certaine homogénéité) de Didier Poli, Pierre Taranzano délivre un dessin réaliste certes attendu sur ce genre de récit, mais dont il est difficile de nier l"efficacité lorsqu'il faut composer avec les nombreux personnages et faire ressortir le caractère épique de l’aventure.

Cette adaptation est bien lancée. Il reste à savoir si la suite permettra de réaliser les intentions des auteurs et ainsi d’éveiller la curiosité, atout majeur pour amener le public à s’intéresser à des légendes vues et revues.

Moyenne des chroniqueurs
5.3