Androïdes (Soleil) 2. Heureux qui comme Ulysse

E n 2429, l’International Space Ship Oxygen, le plus grand navire d’exploration spatiale jamais construit, quitte la Terre. Trois cents ans plus tard, l’expédition tourne court suite à d’importantes avaries causées par une nuée de débris de comète. L'astronef est contraint de faire demi-tour, mais à une vitesse qui ne lui permettra de regagner la planète bleue que dans mille ans. Lorsque le vaisseau atterrit, il n’est plus peuplé que de l’androïde AC7, à bord pour prendre soin des enfants, et d’Ulysse, le seul nouveau-né conçu dans l’espace. Placé en caisson d’hibernation à l’âge de huit ans,pour lui, le berceau de l’humanité ne représente rien. D'ailleurs, tout a bien changé : l’espèce humaine semble avoir été pratiquement éradiquée, et les quelques survivants ont régressé.

Dans un contexte où les séries à suivre ont du mal à s’imposer, les éditeurs recourent de plus en plus aux séries-concepts, c’est-à-dire une succession de one-shot inspirés d’un thème commun. Dans cet exercice pas toujours aisé, Olivier Péru s’est déjà fait remarqué par sa capacité à proposer des récits riches et cohérents (Les Maîtres Inquisiteurs T1, Oracle T1, Elfes T3, Elfes T8, Elfes T13). Ce deuxième tome d’Androïdes ne ternira pas sa réputation ni son image.

Derrière un récit d’aventure parfaitement rythmé et immersif, sur la base d'une variation sur la place du robot et les lois de la robotique d’Isaac Asimov, le scénariste interpelle le lecteur via des thèmes aussi vastes que la manipulation génétique, les sensations propres à l’homme, et ce qui lui permet de s’extraire du troupeau d’animaux qui l’entoure.

L’intérêt de l’histoire est conforté par le plaisir visuel que confèrent les planches de GeyseR. Soutenu par l’excellent travail aux couleurs de Sébastien Lamirand, son trait expressif et sa mise en scène, dans lesquels des influences mangas et comics se font sentir, participent pleinement à la narration en faisant naître atmosphère et émotions à travers un découpage d’une grande lisibilité.

Après un première opus tout aussi agréable, Heureux qui comme Ulysse confirme que divertissement peut rimer avec qualité.

Moyenne des chroniqueurs
6.0